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La figure 182 donne une idée de l’ensemble des dispositions qu’exige l’installation d’un croisement de voie. On y remarque le cœur BC, les pattes de lièvre, B′, C′ et des contre-rails aa, bb établis à droite et à gauche, vis-à-vis des rails DD′, AA′ qui, eux, ne sont pas interrompus.

La traversée se compose, comme nous l’avons dit, de deux croisements et d’un recoupement (fig. 183) qui consiste en deux coudes AC′ et BD′ formés par les rails extérieurs et vis-à-vis desquels sont placés intérieurement deux coudes formés par les contre-rails. Les traverses qui supportent ces appareils, sont reliées ensemble par des pièces de bois longitudinales, de manière à former un châssis très-solide.

Les changements de voie exigent des appareils plus complexes. Il ne s’agit plus ici de faire disparaître les obstacles qui pourraient s’opposer à la marche du train et le faire dérailler, mais de le pousser, à volonté, sur l’une ou l’autre branche d’une voie bifurquée.

Ce problème a été résolu de plusieurs manières différentes ; nous nous bornerons à décrire ici l’appareil le plus usité.

Fig. 186. — Aiguilles.

Deux bouts de rails (AA′, DD′, fig. 186) taillés en biseau, — ce qui leur fait donner le nom d’aiguilles, — peuvent se déplacer de manière que l’une des deux aiguilles s’applique contre le rail voisin quand l’autre s’éloigne du rail à côté duquel elle se trouve. Dans la figure 186, les aiguilles sont disposées pour le service de la voie oblique AA′ et BB′. Le train arrive par A, et s’engage sur A′C. Si l’aiguille DD′ s’appliquait contre BB′, le train resterait sur la voie, rectiligne, CC′ et DD′. Les deux aiguilles sont réunies par des barres transversales E, E′ qui les rendent solidaires. Un levier, FGH manœuvré par un employé spécial, nommé aiguilleur, sert à les amener dans l’une ou l’autre des deux positions qu’elles peuvent prendre.

La figure 186 indique le mouvement de ce levier par rapport à la voie, et pour plus de clarté, nous avons placé, au-dessous du plan de l’appareil, une coupe verticale qui fait mieux comprendre son fonctionnement. Le convoi qui arrive sur la voie principale, s’engage alors sur l’une ou l’autre des deux branches, suivant la position des aiguilles. Il suit la voie de gauche quand l’aiguille de droite est appliquée contre le rail voisin et l’aiguille de gauche séparée de son rail ; le levier occupe alors la position que lui donne le dessin. S’il prend la position inverse, c’est-à-dire qu’il s’incline vers la droite, l’aiguille de gauche est ramenée sous le rail correspondant, celle de droite s’éloigne de l’autre rail, et la voie de droite devient libre, pendant que celle de gauche se ferme. L’aiguilleur n’a qu’à renverser le levier GH au moment voulu pour manœuvrer l’aiguille BDAC au moyen de la tige F : le contre-poids L qu’il porte, le maintient ensuite en position.

Pour un changement de voie double, il y a, de chaque côté, deux aiguilles qui peuvent s’appliquer toutes deux contre le rail pour en fermer l’accès, ou s’en éloigner toutes deux pour le laisser libre. Lorsque l’une d’elles