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Fig. 14. — Le marquis de Worcester fait éclater un canon par l’effet de la vapeur d’eau (page 26).

« L’appareil étant ainsi préparé, si vous voulez qu’il chasse le liquide à une grande hauteur par la force du feu, placez le vase sur le feu après l’avoir rempli d’eau. L’air de ce vase, comprimé par la raréfaction et ne trouvant d’issue que par le tube, y passera avec violence et tentera de s’échapper dans le vase supérieur. Mais comme une autre liqueur occupe ce vase supérieur, maintenu dans un espace qu’il ne peut franchir, il entreprend une lutte terrible avec l’eau : il faut donc, ou que le vase soit rompu, ou que l’eau cède. Et comme cela est plus facile, l’eau cédant enfin à l’effort violent de l’air raréfié, s’élancera dans l’air avec une grande impétuosité par le tube, et fournira un coup d’œil agréable aux spectateurs. »

Ainsi le jeu de ce petit appareil, qui ne fonctionne que par la pression de la vapeur d’eau, était rapporté par Kircher à la seule action de l’air dilaté par la chaleur. On peut juger par là de la nature des idées théoriques qui régnaient chez les physiciens du xviie siècle, touchant le phénomène de la vaporisation des liquides.

Nous ne nous sommes guère attaché, depuis le commencement de cette notice, qu’à combattre les opinions communément admises sur l’origine de la machine à vapeur. Cependant nous n’en avons pas fini sur ce point, car nous n’avons rien dit encore de l’opinion qui rapporte cette découverte au marquis de Worcester.

Ce n’est pas un fait médiocrement curieux que l’obstination avec laquelle l’Angleterre persiste, depuis plus d’un siècle, à attribuer au marquis de Worcester la première idée des applications mécaniques de la vapeur. Interrogez au hasard un citoyen de la Grande-Bretagne, dans l’atelier, dans la chaumière, dans le club, partout on vous dira que la machine à feu a été inventée par le marquis de Worcester, qui vivait au temps de Cromwell. Aucun auteur anglais ne saurait écrira dix lignes sur ce sujet, sans adresser, en pas-