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Il avait l’avantage d’être un chemin de fer, c’est-à-dire un moyen de locomotion des plus économiques, et susceptible de perfectionnements. Un chemin de fer existait et fonctionnait dans notre pays, c’était l’essentiel ; le temps et la science ne pouvaient manquer de l’améliorer.

Malheureusement, de 1830 à 1835, les inquiétudes commerciales, résultant des émeutes de Paris, ou de la situation politique, vinrent détourner l’attention des affaires industrielles, et arrêter l’élan de nos ingénieurs et de nos capitalistes, dans le perfectionnement des chemins de fer.

La découverte des locomotives à foyer tubulaire, avait amené, en Angleterre, la création immédiate et l’extension assez rapide des chemins de fer. La France ne s’engagea dans la même voie qu’avec une lenteur extrême.

L’adoption des chemins de fer a rencontré de grandes difficultés parmi nous, par suite de deux préjugés, d’ordre différent. On ne crut pas d’abord, à la possibilité d’établir ces voies de communication avec assez d’économie et d’avantages pour notre pays ; ensuite, on redouta les dangers qui semblaient inhérents à leur emploi.

En 1830, lorsque déjà le chemin de fer de Liverpool à Manchester, transportait, chaque jour, des centaines de voyageurs, et quand la pratique avait, par conséquent, prononcé sans réplique sur les avantages de ce système, un de nos plus savants ingénieurs, M. Auguste Perdonnet, ne pouvait, malgré les plus ardents efforts, parvenir à faire comprendre l’importance future de la question des chemins de fer en France. Lorsque le même ingénieur, dans le cours qu’il ouvrit à l’École centrale des arts et manufactures, sur la construction des railways, annonça que cette découverte était destinée à opérer une révolution semblable à celle qu’avait opérée l’invention de l’imprimerie, il fut traité d’insensé.

M. Auguste Perdonnet, ancien directeur de l’École centrale des Arts et Manufactures, administrateur des chemins de fer de l’Est, est né en 1801. Il fit ses études en partie à Paris, à l’école Sainte-Barbe, en partie en Suisse, chez le célèbre Pestalozzi, qui avait créé à Yverdun, cette institution modèle où les familles les plus distinguées de l’Europe envoyaient leurs enfants, et qui n’eut malheureusement qu’une trop courte durée.

Fig. 138. — Auguste Perdonnet.

Élève de l’École polytechnique, M. Perdonnet allait en sortir, avec le titre d’ingénieur de l’État, lorsqu’il fut victime d’une mesure qui atteignit toute une salle d’étude, accusée de carbonarisme.

Cet événement ne le découragea point. Il entra, comme élève, à l’École des mines. Pour compléter son instruction, il entreprit plusieurs voyages en Allemagne et en Angleterre.

Dans ce dernier pays, il fut surtout frappé de la vue du chemin de fer de Liverpool à Manchester, le premier chemin de fer à