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du foyer ; divers engrenages communiquent le mouvement de cette roue à un laminoir qui transforme des lames de métal en médailles ou en pièces de monnaie[1].

Cette insignifiante application de l’éolipyle, faite par l’architecte romain, est cependant revendiquée par Robert Stuart en faveur de l’un de ses compatriotes.

« L’ingénieux et savant évêque Wilkins est le premier auteur anglais, dit Robert Stuart, qui parle de la possibilité de faire mouvoir des machines par la force élastique de la vapeur[2]. »

Jean Wilkins, beau-frère de Cromwell et évêque de Chester, qui, malgré ses travaux de théologie, s’était rendu habile dans les sciences physiques et mathématiques, a publié sous le titre de Mathematical Magic, un ouvrage où il est dit quelques mots de l’éolipyle.

Fig. 13. — Le Père Kircher.

« On peut, dit l’évêque de Chester, employer les éolipyles de diverses manières, soit comme amusement, soit pour enfler et pousser des voiles attachées à une roue placée dans le coin d’une cheminée, au moyen de laquelle on peut faire tourner un tournebroche. »

Robert Stuart nous a déjà parlé d’un éolipyle appliqué, au xvie siècle, à faire marcher un tournebroche. Il paraît qu’à cette époque l’emploi mécanique de la vapeur d’eau ne pouvait s’élever encore au-dessus de cet engin de cuisine.

Ainsi, jusqu’à la période à laquelle nous sommes parvenus, on connaît vaguement quelques-uns des effets mécaniques que peut exercer la vapeur d’eau. Mais là s’arrêtent toutes les notions. Les applications de ce fait sont à peu près nulles, car on ne s’en sert que pour la démonstration de principes erronés, ou pour faire manœuvrer des jouets d’enfant. Quant à la théorie du phénomène, on continue de professer à cet égard l’erreur de l’ancienne physique, c’est-à-dire la transformation de l’eau en air, par le fait de la chaleur. Nous avons vu Porta, Salomon de Caus et le Père Leurechon admettre cette théorie ; le Père Kircher va la formuler pour nous d’une manière plus explicite encore.

Le Père Kircher, dont l’esprit fécond et l’imagination active s’exerçaient sur toutes les branches de la science de son temps, a publié à Rome, en 1641, un ouvrage intitulé : Magnes, sive de magneticâ arte, dans lequel il décrit plusieurs de ces appareils curieux qu’il aime tant à faire connaître. L’un de ces appareils est un vase métallique allongé, contenant de l’eau à sa partie inférieure. Cette eau étant portée à l’ébullition, la vapeur s’introduit, à l’aide d’un tube, dans un vase supérieur, et par la pression qu’elle exerce sur de l’eau contenue dans ce vase, elle fait jaillir celle-ci par un ajutage. Rien de plus simple, on le voit, que le mécanisme de cet appareil. Or, voici comment le Père Kircher nous rend compte de ses effets :

  1. Au xvie siècle, Cardan avait décrit une machine à peu près semblable sous le nom de machine à fumée. Elle était formée de feuilles de tôle taillées à peu près comme des ailes de moulin et disposées de la même manière autour d’un axe mobile ; on la plaçait horizontalement dans le tuyau d’une cheminée. On attribuait à la fumée le principe d’action de cette machine ; mais Cardan remarque avec raison que la flamme semble plutôt contribuer à ces effets.
  2. Histoire descriptive de la machine à vapeur, p. 35.