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veloppement considérables. On vit terminer dans cet intervalle, 180 lieues de chemins de fer, et en commencer 160 lieues. En même temps, la science pratique des chemins de fer, qui avait trouvé dans la ligne de Liverpool un modèle admirable, alla se perfectionnant chaque jour. Profitant des améliorations successives introduites dans cet art nouveau, les grandes nations de l’Europe et du Nouveau Monde, entrèrent hardiment dans la même voie, et les chemins de fer ne tardèrent pas à prendre en Belgique, aux États-Unis, en Allemagne et en France, un développement plus ou moins rapide, qu’il nous reste à raconter pour terminer cet aperçu historique.



CHAPITRE IV

création et développement des chemins de fer en europe et aux états-unis d’amérique.

L’histoire des chemins de fer montre combien les inventions les plus merveilleuses, rencontrent de préventions, même chez les esprits éclairés ; mais elle nous apprend aussi que, tôt ou tard, le monde est forcé de subir leur empire et de se plier à la loi du progrès. Le système des chemins de fer actuels ne date que de 1830, et déjà, malgré la lenteur avec laquelle on s’y prit dans les premières années, vingt-deux milliards ont été dépensés en Europe, et plus de sept milliards aux États-Unis d’Amérique, pour l’établissement des routes ferrées. L’Asie, l’Afrique, l’Amérique méridionale et l’Océanie, ont emboîté le pas derrière les nations civilisées. Aujourd’hui, la vapeur mugit jusque dans les forêts vierges, dans les steppes et les déserts. Quand l’Europe sera sillonnée en tous sens par des voies ferrées, les capitaux chercheront un emploi sur les chemins étrangers, et bientôt il n’y aura plus un seul coin du globe assez écarté pour se soustraire aux bruyantes visites de la locomotive, qui apporte avec elle la civilisation et la paix.

On a déjà projeté de Moscou au fleuve Amour, dans la Mongolie et la Russie d’Asie, un chemin de fer, qui aura deux mille lieues de développement. C’est presque le quart du tour du monde. On étudie, aux États-Unis, le plan d’une route ferrée qui, de l’océan Pacifique, passera à travers les montagnes Rocheuses, pour aboutir à l’autre bord de l’Océan.

Les âmes poétiques se plaignent de cet envahissement de la civilisation par le mouvement et le bruit, qui, disent-elles, ôte leur charme aux sites sauvages. Ce sont les mêmes faux rêveurs qui préfèrent les ruelles tortueuses et malsaines des anciennes villes, aux larges boulevards qui s’ouvrent au soleil et aux grands mouvements de l’air. Laissons dire ces amants solitaires du passé, et réjouissons-nous de vivre à une époque où la prospérité et le bien-être s’établissent partout, à la suite des grandes inventions de la science et de l’industrie.

Nous allons rapidement retracer l’histoire de l’établissement successif des chemins de fer en Europe et dans les autres parties du monde.

On a déjà vu, par ce qui précède, que l’Angleterre est le berceau des chemins de fer, comme celui des locomotives. Les Anglais, peuple pratique par excellence, ont toujours saisi promptement la portée des découvertes industrielles, et les ont appliquées, sans aucune de ces hésitations timides, qui, chez nous, retardent si souvent les plus importants progrès. C’est vers l’année 1820 que l’on employa pour la première fois, comme nous l’avons dit, les locomotives sur le chemin de fer de Darlington à Stockton, et c’est en 1829, que parurent, grâce à l’invention de la chaudière tubulaire de Séguin et de son application à la Fusée de Stephenson, les premières locomotives destinées au transport des voyageurs à grande vitesse sur la route de Manchester