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peur sortant des cylindres, l’autre emprunté directement à la chaudière.

Cette coïncidence prouve que l’emploi du jet de vapeur était dans le domaine public. Seulement, George Stephenson eut, nous le répétons, le très-grand mérite de le vulgariser et de le faire accepter partout.

La belle invention de Marc Séguin n’aurait peut-être porté que très-lentement ses fruits, si l’Angleterre, pressée par les besoins de son immense industrie, ne s’en fût emparée, et n’eût ainsi rendu son utilité évidente à tous les yeux. Les chaudières tubulaires furent adoptées en 1830 par Stephenson, en même temps que le tuyau soufflant ; et ce sont ces deux moyens qui ont surtout contribué à donner à la machine locomotive la puissance extraordinaire et la vitesse qui la distinguent aujourd’hui.

On voit que George Stephenson composa la locomotive par une suite d’emprunts heureux. À la France, il avait demandé la chaudière tubulaire, qui seule pouvait rendre possible l’emploi d’une machine à vapeur sur les chemins de fer ; dans le domaine public, il avait trouvé l’idée du tuyau soufflant, le seul mode de tirage qui pût rendre très-efficace l’emploi de la chaudière tubulaire ; pour le reste des dispositions, il conserva les organes principaux qui figuraient dans le premier modèle connu de locomotive, que Dodd d’une part et Hackworth de l’autre avaient perfectionné avec quelques avantages. Comme Molière, George Stephenson prenait son bien où il le trouvait.

En disant que George Stephenson composa par une suite d’emprunts heureux, la machine locomotive, nous ne prétendons point diminuer sa gloire, ni porter atteinte à la juste reconnaissance que lui devra la postérité.

George Stephenson n’était, dans sa jeunesse, qu’un simple ouvrier chauffeur ; mais sous la veste du chauffeur, il y avait un homme de génie.

Né en 1781, à Wylam, petit village situé à quelques lieues de Newcastle-sur-Tyne, au milieu des mines de houille qui abondent dans cette partie de l’Angleterre, il appartenait à une famille d’ouvriers très-misérables, qui travaillaient, comme mineurs, au fond des houillères de Newcastle.

Fig. 131. — George Stephenson.

À peu près abandonné à lui-même, par suite de l’extrême dénûment de ses parents, l’enfant se fît berger. Il allait garder dans les champs, les troupeaux que l’on voulait bien lui confier.

Dans ses nuits solitaires, le petit pâtre contemplait avec un ravissement secret, le déplacement des corps célestes. L’admirable régularité de leurs mouvements, éveillait dans sa jeune âme, de confuses aspirations de science, un vague désir de connaître l’univers et les forces qui le régissent.

À quatorze ans, George Stephenson échangea son métier de pâtre, contre le métier, plus dur et plus pénible encore, de chauffeur de machine à vapeur dans une usine.

Tout en jetant sous la chaudière ses pelletées de charbon, il s’inquiétait du méca-