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Martin, le tout pour la commodité du publicq. Lesquelles fontaines ledit de Caulx sera tenu de nettoyer bien et duement toutes les boues et immondices qui en pourront estre escoulées, tant de ceste ville, faulx bourgs, que esgouts, et à ceste fin avoir par luy une grande quantité de chevaulx et tombereaulx, pour enlever et transporter touttes lesdites boues et immondices, qui ne pourront estre escoulées par lesdites eaux ; que doresnavant en puisse recepvoir les deniers destinés au payement dudit nettoyement, qu’il en rapporte certificat desdits Prevost des Marchands et Eschevins comme la ville sera nette et en bon estat. En quoy faysant, ils bailleront place audit de Caulx proche la rivière, vers l’Arsenal ou ailleurs, qui sera jugé le plus proche pour faire le pavillon qu’il entend faire pour l’élévation desdits quarante poulces d’eaue.

Faict au bureau de la ville le mardy 31e jour de mars 1621.

Signé à la minute : d’amours, du buisson, j. goujon.


« Ce document, que j’ai communiqué à M. Dumas, président du conseil municipal, et à M. le préfet, les a fort intéressés, et j’ai lieu d’espérer, qu’à défaut d’une fontaine, d’une statue, d’un buste, une inscription du moins sera bientôt placée à l’endroit où reposèrent les restes de Salomon de Caus.

« Agréez, etc.
« Charles Read. »

Après tous ces documents, après toutes ces explications, il faut espérer qu’une absurde légende cessera d’usurper le titre de fait historique, et que nous en aurons fini une fois pour toutes avec le roman de M. Henry Berthoud.



CHAPITRE III

le père leurechon. — branca. — l’évêque wilkins. — le père kircher. — le marquis de worcester.

On a vu dans le précédent chapitre, que, pendant la période qui nous occupe, les physiciens ne possédaient sur la vaporisation des liquides, que quelques notions confuses, viciées par une interprétation théorique des plus inexactes, consistant à rapporter à l’air échauffé la plupart des phénomènes qui proviennent du ressort de la vapeur d’eau. Les faibles effets mécaniques que l’observation vulgaire avait révélés concernant la force élastique de la vapeur, n’étaient alors l’objet que d’applications insignifiantes ou ridicules. Si quelques doutes pouvaient subsister sur ce point, les faits qu’il nous reste à présenter seraient de nature à les dissiper.

Le Père Leurechon, jésuite lorrain, a publié en 1626, sous le titre de Récréations mathématiques, un ouvrage souvent réimprimé depuis, et qui donne un reflet fidèle de l’état des connaissances physiques et mécaniques au xviie siècle. Le petit appareil connu sous le nom d’éolipyle fixait beaucoup l’attention des physiciens de cette époque. Le Père Leurechon va nous montrer quelles applications on imaginait alors d’en tirer.

« Les éolipyles, dit le Père Leurechon (Problème 75), sont des vases d’airain ou autre semblable matière qui puisse endurer le feu ; ils ont un petit trou fort étroit par lequel on les emplit d’eau, puis on les met devant le feu, et jusqu’à ce qu’ils s’échauffent on n’en voit aucun effet ; mais aussitôt que le chaud les pénètre, l’eau, venant à se raréfier, sort avec un sifflement impétueux et puissant à merveille… Quelques-uns font mettre dans ces soufflets un tuyau courbé à divers plis et replis, afin que le vent, qui roule avec impétuosité par dedans, imite le bruit d’un tonnerre. D’autres se contentent d’un simple tuyau dressé à plomb, un peu évasé par le haut, pour y mettre une petite boule qui sautille par-dessus fait à fait que les vapeurs sont poussées dehors. Finalement, quelques-uns appliquent auprès du trou des moulinets ou choses semblables, qui tournevirent par le mouvement des vapeurs, ou bien, par le moyen de deux ou trois tuyaux recourbés en dehors, font tourner une boule. »

Ces moulinets ou choses semblables qui tournevirent par le mouvement des vapeurs, nous allons les retrouver chez d’autres physiciens du xviie siècle : les applications puériles que l’on faisait alors des propriétés de la vapeur d’eau montreront suffisamment quel rôle jouaient, dans la science de cette époque, les notions relatives à la vapeur.

Giovanni Branca, architecte de l’église de Lorette, savant très-peu connu et qui n’a laissé que quelques ouvrages sur l’architecture et la mécanique, a publié à Rome, en 1629,