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villons réunis d’Angleterre et d’Amérique. Quand il pénétra dans la rade, les batteries de l’île Bradlow le saluèrent de vingt-six coups de canon ; et aussitôt les eaux se couvrirent de milliers de bateaux, partant à la fois de toutes les directions. Les navires du port se pavoisèrent de leurs pavillons aux mille couleurs ; le carillon des cloches se mêla au bruit retentissant de l’artillerie, et toute la population de New-York, rassemblée sur les quais, salua de ses acclamations d’enthousiasme le Sirius, laissant tomber au fond de l’Hudson, la même ancre qui avait mouillé, dix-sept jours auparavant, dans un port d’Angleterre.

L’émotion des habitants de New-York avait eu à peine le temps de se calmer, que le Great-Western se montrait à son tour. Arrivant avec toute la vitesse de sa vapeur, il vint se ranger dans le port, à côté de son heureux rival.

Le Sirius fit entendre trois hourras de victoire à l’entrée du Great-Western. Les batteries de la ville le saluèrent d’une salve d’artillerie, à laquelle il répondit par le salut de son pavillon ; tandis que tout son équipage, réuni sur le pont, portait la santé de la reine d’Angleterre et du président des États-Unis :


« Comme nous approchions du quai, rapporte le journal d’un des passagers du Great-Western, une foule de bateaux chargés de monde s’amassèrent autour de nous. La confusion était inexprimable ; les pavillons flottaient de toutes parts ; les canons tonnaient et toutes les cloches étaient en branle. Cette innombrable multitude fit retentir un long cri d’enthousiasme qui, répété de loin en loin sur la terre et sur les bateaux, s’éteignit enfin et fut suivi d’un intervalle de silence complet qui nous fit éprouver l’impression d’un rêve. »


Quelques jours après, les deux navires quittaient New-York, pour revenir en Europe. Cette seconde épreuve eut le même succès. Le Sirius arriva à Falmouth, après un voyage de dix-huit jours et sans aucune avarie. Le Great-Western, parti de New-York le 7 mai, arriva à Bristol, après quinze jours seulement de traversée. Il avait eu à supporter plusieurs jours de vents contraires, et dans le cours d’une violente tempête, il n’avait pu faire que deux lieues à l’heure.

Le problème de la navigation transatlantique par la vapeur, fut pleinement résolu par ces deux mémorables voyages. Peu de temps après, le gouvernement confiait au Great-Western le transport régulier de ses malles et des voyageurs. Le Sirius, qui fut trouvé trop faible pour le service de l’Atlantique, fut rendu à son ancienne navigation de Londres à Cork.

Le Great-Western continua avec le plus grand bonheur, son service à travers l’Océan. Depuis 1838 jusqu’à 1844, il fit trente-cinq voyages d’Angleterre aux États-Unis, et revint autant de fois à son point de départ. La durée moyenne de sa traversée était de quinze jours et demi pour arriver à New-York, et de treize jours et demi pour en revenir. Son voyage le plus rapide, a été accompli en mai 1843 : il n’exigea que douze jours et dix-huit heures, c’est-à-dire un tiers à peu près de la durée moyenne de ce voyage par les navires à voiles. Son plus prompt retour en Europe eut lieu en mai 1842, il se fit en douze jours et sept heures.

Plusieurs autres bâtiments à vapeur, parmi lesquels il en était un d’un port supérieur à celui du Great-Western, furent consacrés, en Angleterre, à la navigation transatlantique. Le Royal-William fut le premier en date ; mais il reçut au bout de quelque temps, une autre destination. Vinrent ensuite, la Reine-d’Angleterre, le Président et le Liverpool. Chacun de ces trois navires, construit sur les plus grandes proportions, avait coûté 2 500 000 francs. Le premier, après plusieurs traversées, fut acheté par le gouvernement belge. Le Président périt en mer, corps et biens, en 1841. Quant au Liverpool, il fut brisé sur la côte d’Espagne, pendant son service de Southampton à Alexandrie.

L’un des plus grands navires à vapeur cons-