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Sans se décourager, Fulton exécuta un très-beau modèle de son bateau sous-marin, et muni de cet argument qui parlait aux yeux, il se présenta de nouveau au Directoire.

Il fut mieux accueilli cette fois. Une commission fut nommée, pour examiner son bateau, et le rapport de cette commission se montra favorable.

Ce ne fut donc pas sans surprise, qu’après de très-longs délais, il reçut du ministère de la marine, l’avis que ses plans étaient définitivement rejetés.

Trois ans s’étaient passés dans ces travaux et ces sollicitations inutiles. Ne conservant plus d’espoir auprès du gouvernement français, Fulton s’était adressé à la Hollande. Mais la République batave n’avait pas mieux accueilli ses projets, et il se trouvait hors d’état de faire face aux dépenses que nécessitaient ses recherches.

Son talent de peintre vint lui fournir les moyens de les poursuivre. Pendant les sept années qu’il résida à Paris, Fulton habita l’hôtel de Joël Barlow, poëte et diplomate américain, qui avait conçu pour lui la plus vive amitié, et l’avait mis en relation avec les ingénieurs et les savants de la capitale. Joël Barlow ayant conçu, à cette époque, le projet d’importer à Paris la découverte des Panoramas, due à Robert Barker, peintre d’Édimbourg, chargea Fulton d’exécuter le premier tableau de ce genre qui ait été offert à la curiosité des Parisiens.

Cette spéculation obtint le plus grand succès, et resserra encore les liens d’amitié qui unissaient le premier des poëtes et le plus illustre des ingénieurs américains. Elle donna à Fulton les moyens de continuer ses expériences sur les moyens d’attaque sous-marine.

Bonaparte venait d’être élevé au consulat à vie. Fulton, espérant trouver près de lui des encouragements efficaces, lui écrivit, pour lui faire connaître ses travaux, et pour demander qu’une commission examinât son bateau plongeur et ses appareils sous-marins. Sa requête eut un plein succès. Des fonds lui furent accordés, pour continuer ses expériences. Volney, Monge et Laplace, nommés commissaires, approuvèrent ses vues.

En 1800, sur l’invitation des commissaires du premier consul, et avec les fonds accordés par le ministère, Fulton construisit un grand bateau sous-marin, qui fut soumis, à Rouen et au Havre, à différents essais. Ils ne répondirent pas cependant aux promesses de l’inventeur.

Pendant l’été de 1801, Fulton se rendit à Brest avec le même bateau, et il exécuta dans ce port, plusieurs expériences remarquables. Il s’enfonça un jour jusqu’à 80 mètres sous l’eau, y demeura vingt minutes, et revint à la surface après avoir parcouru une assez grande distance ; puis, disparaissant de nouveau, il regagna son point de départ.

Le 17 août 1801, il resta plus de quatre heures sous l’eau, et ressortit à cinq lieues de son point d’immersion.

Il répéta dans la rade de Brest les expériences de ses appareils d’explosion sous-marine.

Les divers appareils de guerre sous-marine, auxquels Fulton ajoutait une importance extraordinaire, ont aujourd’hui perdu beaucoup de leur intérêt, soit que l’expérience n’ait pas confirmé tous les résultats promis, soit que les circonstances qui rendaient leur secours utile, aient maintenant disparu. Il serait donc hors de propos de beaucoup s’étendre sur leur description.

L’instrument destiné à produire les explosions sous-marines, et que Fulton désignait sous le nom de torpedo, ou torpille, était une sorte de machine infernale. Elle consistait en une boîte de cuivre, pouvant contenir de 80 à 100 livres de poudre. Cette boîte était armée d’une platine de fusil, qui pouvait faire feu à un moment donné. Le tout était attaché à l’extrémité d’une corde longue de 60 pieds, que l’on passait dans une poulie fixée sous l’eau, contre le flanc du petit bateau