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Fig. 84. — Le marquis de Jouffroy fait fabriquer au marteau, le cylindre de sa machine à vapeur, par le chaudronnier de Baume-les-Dames (page 162).


tomba d’accord sur l’idée d’essayer le nouveau mode de navigation ; mais on se divisa lorsqu’il fut question des moyens de le mettre en œuvre. Périer présenta un projet qui différait de celui de M. de Jouffroy, tant par le mécanisme à adapter au bateau, que par la considération des résistances à vaincre et de la force à employer. Il avait calculé ces éléments d’après l’expérience d’un bateau remorqué par des chevaux, sur un chemin de halage. M. de Jouffroy prétendait qu’il fallait considérer la résistance comme trois fois plus forte, dès qu’on prenait le point d’appui sur l’eau, au lieu de le prendre sur la terre.

La meilleure appréciation était évidemment du côté de M. de Jouffroy, qui se plaçait encore au-dessous de la vérité. Aussi le comte d’Auxiron, plus familiarisé avec cette question par une expérience antérieure, se rallia-t-il à son projet. Follenai suivit cet exemple ; mais Ducrest se prononça en faveur des idées de Périer.

Jeune et sans notabilité, M. de Jouffroy dut laisser le champ libre au célèbre mécanicien dont l’expérience et les talents faisaient autorité dans le monde des arts. Le plan de Périer obtint donc la préférence, et l’on décida que le bateau serait construit d’après ses vues.

Ce ne fut pas cependant sans une vive opposition de la part des dissidents. Le comte d’Auxiron, qui se mourait sur ces entrefaites, écrivait à M. de Jouffroy, à ses derniers moments : « Courage, mon ami ! vous seul êtes dans le vrai. » Et Follenai, enthousiaste de l’invention, colportait partout la souscription qui devait fournir les moyens de mettre en pratique le plan du marquis de Jouffroy.