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Les sciences, qui avaient brillé d’un vif éclat dans le vaste empire des Arabes, avaient disparu avec eux. Leur flambeau s’était éteint dans l’Europe du moyen âge. Après cette époque, quelques hommes de génie, Paracelse, Ramus, Cardan, Gessner, Agricola, Tycho-Brahé, Copernic, avait fait briller, par leurs travaux, les vrais principes de la philosophie naturelle. Mais ces premiers efforts étaient restés stériles.

Fig. 6. — Descartes.

Cependant la réformation religieuse accomplie par Luther avait fondé la liberté de conscience ; les premières lueurs de l’émancipation politique commençaient à se lever sur les nations de l’Europe : une transformation semblable ne tarda pas à s’opérer dans les sciences, et compléta la révolution salutaire qui devait mettre l’humanité en possession de ses droits. C’est alors qu’apparaissent à la fois sur la scène du monde, trois hommes destinés à jeter les bases de l’édifice nouveau des connaissances humaines. Bacon en Angleterre, Descartes en France, et Galilée en Italie, sont les auteurs de cette révolution mémorable. Divers de pays, d’esprit et de caractère, ils attaquent, selon les formes et les aptitudes particulières de leur génie, l’échafaudage antique des doctrines scolastiques qui asservissaient l’esprit humain. Leurs hardis et salutaires efforts le renversent à jamais, et élèvent sur ses débris une philosophie nouvelle. Donnant le précepte et l’exemple, ils enseignent au monde la véritable méthode à suivre dans les recherches scientifiques, et marquent par leurs découvertes, les premiers pas de la science naissante.

La révolution scientifique accomplie par les préceptes de Bacon, les découvertes de Galilée et les écrits de Descartes, embrasse une période bien tranchée. Commencée dans les dernières années du xvie siècle, à l’époque des premiers travaux de Galilée, elle se termine vers le milieu du siècle suivant, en 1642, à la mort de ce savant. C’est seulement alors que le triomphe de la philosophie nouvelle est définitivement établi, et que la science, fondée désormais sur une base inébranlable, peut marcher sans entraves dans les voies de la vérité. Mais, pendant l’intervalle d’un demi-siècle que cette période mesure, la science a péniblement à lutter contre les restes de l’esprit philosophique du passé, et elle n’est pas toujours victorieuse. Pendant longtemps encore l’ombre des vieilles erreurs enveloppe les conceptions des savants. Une métaphysique obscure embarrasse les théories de la science ; les idées religieuses et morales continuent à se mêler aux explications physiques. On raisonne sur le plein et le vide, sur les qualités essentielles et sur les qualités accidentelles des corps. On disserte sur le sec et l’humide, sur le nombre et les propriétés des éléments ; on s’obstine à discuter stérilement l’essence intime des phénomènes. On élève des hypothèses sans fin sur la nature du feu, sur la mixtion des éléments. On prête à la nature des affections