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ture de son mémoire de 1690, que l’illustre physicien y parle surtout des avantages que l’on pourrait retirer de son appareil pour « naviguer contre le vent, » et qu’il propose un mécanisme ingénieux destiné à transmettre la puissance motrice à deux roues placées sur les côtés du bâtiment. Ajoutons qu’en 1707, lorsqu’il eut construit le modèle de sa seconde machine à vapeur, Papin se hâta de l’appliquer, comme agent de propulsion, à un petit bateau muni de roues. On a vu dans l’histoire de sa vie, quel concours de circonstances l’empêcha de réussir dans cette tentative admirable.

Dès qu’il vit sa pompe à feu fonctionner avec succès pour l’épuisement de l’eau dans les mines de charbon, pour l’élévation et la distribution des eaux dans les villes, Savery annonça son intention de l’appliquer à la navigation. Mais la machine de Savery n’aurait pu, par aucune combinaison mécanique, s’approprier à un tel usage ; et l’inventeur ne poussa pas plus loin ce projet.

En 1724, un autre mécanicien anglais, J. Dickens, obtint un brevet pour appliquer une machine à vapeur inventée par un certain Floats, à l’élévation des eaux et à la propulsion des navires ; mais ce projet ne reçut non plus aucune exécution[1].

La machine à vapeur de Newcomen et Cawley commençait à peine à se répandre dans les comtés houillers de l’Angleterre, qu’un mécanicien de ce pays, nommé Jonathan Hulls, proposait de s’en servir pour remorquer les navires à l’entrée ou à la sortie des ports. En disposant une manivelle à l’extrémité du balancier de la machine de Newcomen, il transformait le mouvement de va-et-vient du piston en un mouvement de rotation qui se transmettait à la roue à palettes d’un bateau remorqueur[2].

Fig. 80. — Bernouilli.

Jonathan Hulls obtint un brevet pour cette application de la machine de Newcomen ; mais l’amirauté anglaise repoussa son projet. En cela, l’amirauté faisait justice d’un plan inexécutable. Si l’on s’en rapporte aux dessins qui nous restent, le bateau de Jonathan Hulls était de la disposition la plus grossière. Il ne portait qu’une seule roue, qui, fixée à l’arrière, était mise en mouvement par une machine de Newcomen, à l’aide de cordes et de poulies. Il ne présentait ni mâts ni voiles ; et l’on ne voyait sur le pont que le long tuyau de tôle servant de cheminée à sa chaudière. Ce n’était donc qu’un simple remorqueur dans lequel le navire à vapeur représentait la force motrice agissant sur le câble pour faire avancer l’embarcation. Mais la machine de Newcomen ne pouvait produire commodément un mouvement de rotation, et l’irrégularité de son action mécanique, autant que la quantité considérable de charbon qu’il aurait fallu prendre

  1. A Sketch of the Origin and Progress of steam navigation, by Woodcroft, p. 10.
  2. La description de l’appareil de Jonathan Hulls se trouve dans un ouvrage devenu fort rare en Angleterre, intitulé : Description, avec planches, d’une nouvelle machine servant à faire sortir les bateaux ou navires des ports et rivières, ou à les y faire entrer contre vent et marée comme en temps calme, par Jonathan Hulls, Londres, 1737.