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perd donc d’un côté une portion de l’air qu’il renfermait, et d’un autre côté en gagne une quantité égale, ce qui entretient à son intérieur une pression constante.

Lorsque les deux pistons A et C se sont ainsi élevés jusqu’à l’extrémité de leur course, la soupape b se ferme et la soupape f s’ouvre. L’air contenu au-dessous du piston A, peut donc s’échapper dans l’atmosphère, en traversant les toiles métalliques G, en sens opposé à celui dans lequel il les avait traversées précédemment. Alors les pistons A, C, redescendent, en vertu de leur propre poids, ou par l’action d’un contre-poids disposé dans ce but. En même temps la soupape e se ferme et la soupape c s’ouvre, de sorte que le haut du cylindre D se remplit d’air atmosphérique venant par cette dernière soupape. Lorsque les pistons A et C sont arrivés au bas de leur course, la soupape f se ferme, la soupape b s’ouvre, et le jeu de la machine recommence comme précédemment.

Cette machine est donc à simple effet. La force élastique de l’air ne sert qu’à pousser les pistons et la tige E de bas en haut ; elle ne contribue en aucune manière à les faire redescendre. Les pistons remontent par leur propre poids, comme dans l’ancienne machine de Newcomen ou dans la machine à vapeur à simple effet. Seulement, comme on dispose deux machines de ce genre, pour agir alternativement aux deux extrémités d’un même balancier, l’effet produit est le même que si l’on employait une machine à double effet agissant sur un seul balancier.

Voilà la première machine à air chaud que M. Ericsson ait construite. Elle ne réalisa pas l’économie de combustible qu’on en attendait. En outre les toiles métalliques destinées à reprendre à l’air sortant une partie de la chaleur qu’il renferme, ne donnèrent pas les résultats qu’on avait espérés. Aussi, M. Ericsson a-t-il supprimé ces toiles métalliques dans ses nouvelles machines à air chaud.

On a installé, de 1855 à 1860, sur des navires américains, quelques machines Ericsson ; mais leur usage n’ayant pas répondu à l’attente générale, la marine américaine n’a pas tardé à les abandonner.

La machine Ericsson a eu plus de succès dans les ateliers des manufactures, surtout pour ceux de la petite fabrication. Plusieurs de ces machines ont fonctionné, ou fonctionnent aujourd’hui, dans de petites manufactures d’Amérique, d’Angleterre et d’Allemagne ; mais on n’en a vu aucune en France jusqu’à ce jour.

Des constructeurs anglais, M. James Napier et MM. Tawcett et Preston, les fabriquent d’une manière courante. On les a simplifiées et agencées dans leurs organes de transmission d’une manière nouvelle et ingénieuse ; de sorte qu’elles peuvent rendre de bons services dans les petites usines, surtout dans celles qui n’ont pas besoin de force motrice d’une manière continue, ou qui sont établies dans des conditions telles que l’installation d’une machine à vapeur avec des chaudières, y serait impossible ou très-difficile.

La suppression de la chaudière et l’impossibilité absolue de toute explosion, rendent la machine Ericsson intéressante à plus d’un titre. Malheureusement, ses organes sont trop nombreux et trop délicats. Son entretien doit donc exiger des soins assidus et dispendieux.

À côté de la machine Ericsson vient se placer la machine à air chaud de M. Franchot, dont l’inventeur n’a encore exécuté aucun modèle de grande dimension, mais dont il a poursuivi l’idée pendant un très-grand nombre d’années, avec autant de persévérance que de talent.

Depuis l’année 1840, en effet, M. Franchot avait indiqué le parti avantageux que l’on peut retirer des toiles métalliques, pour la construction de machines motrices à air chaud.

Voici quelles sont les dispositions principales de la machine à air chaud de M. Fran-