Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ajustement difficile, au lieu de les déposer simplement sur l’ouverture, on presse la plaque par l’intermédiaire d’un levier du genre des romaines, qui permet, à l’aide d’un poids médiocre, de contre-balancer les plus fortes pressions.

Fig. 61. — Soupape de sûreté.

La soupape de sûreté est représentée dans la figure 61. A est la soupape qui ferme un tuyau vertical communiquant avec la chaudière, et qui par conséquent ferme la chaudière elle-même. Cette soupape est maintenue au moyen d’un levier BC, qui repose sur elle au point D, et qui est mobile, grâce à une charnière, autour du point fixe C. Un poids est suspendu à l’extrémité B de ce levier. Ce poids a été calculé de manière à exercer sur la soupape une pression égale à celle qu’elle éprouverait de la part de la vapeur lorsque sa force élastique serait arrivée au terme qu’elle ne doit jamais dépasser.

Si la pression de la vapeur atteint accidentellement jusqu’à ce degré, elle soulève la soupape. Dès lors, une partie de la vapeur s’échappe dans l’air, et la pression intérieure se trouve ramenée, dans l’intérieur de la chaudière, à ses limites normales. Cette limite une fois atteinte, la soupape se referme et prévient ainsi une émission de vapeur devenue inutile.


Fig. 62.
La figure 62 montre la soupape de sûreté seule, c’est-à-dire débarrassée du levier de pression qui pèse sur elle, pour la maintenir en place sur l’orifice de la chaudière. On voit qu’elle se compose de trois ailettes saillantes supportées par un chapiteau, lequel produit l’occlusion de la chaudière.

Les dimensions de la soupape de sûreté sont fixées avec beaucoup de soin par le règlement d’administration de 1843, qui exige que chaque chaudière à vapeur soit munie de deux appareils de ce genre, dont un doit se trouver constamment sous une clef et hors de la disposition du mécanicien[1].

La soupape à plaque mobile serait un appareil irréprochable par la commodité, la simplicité, la certitude de son action, si les ouvriers chargés de la conduite des machines ne pouvaient, avec une facilité désespérante, annuler ses avantages. On comprend, en effet, qu’il suffit d’augmenter le poids qui ferme la soupape, pour empêcher cette soupape de s’ouvrir sous la pression calculée par le constructeur. Si, au poids de 10 kilogrammes, par exemple, que porte le levier, on ajoute un poids de 1 ou 2 kilogrammes, la vapeur ne pourra soulever la plaque mobile que lorsqu’elle aura gagné en puissance dans une proportion correspondante.

C’est ce que font trop souvent les ouvriers chargés de diriger les machines. Tout le monde a vu, sur un bateau à vapeur, le mécanicien, quand il veut obtenir une plus grande vitesse, attacher à l’extrémité du levier un marteau, un morceau de fer ou un poids. Lorsque deux bateaux en concurrence se rencontrent faisant la même route sur une de nos rivières, c’est ainsi que débutent les mécaniciens en entamant la lutte. Pour mettre la soupape de sûreté à l’abri de la main des ouvriers, les règlements exigent, avons-nous dit, que l’une des deux soupapes dont la chaudière est munie soit placée dans une boîte fermant à clef ; mais cette sage prescription n’est pas toujours suivie.

  1. Aucune chaudière ne peut être employée avant d’avoir été essayée à froid, au moyen d’une presse hydraulique, sous une pression triple de celle qu’elle doit supporter. Cet essai est vérifié par les soins de l’ingénieur du département.