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nients de plus d’un genre. Comme, par son interposition, elle empêche le contact immédiat de l’eau et du métal, elle retarde la transmission de la chaleur, dont elle absorbe une partie à son profit. Elle peut, en outre, occasionner l’altération de la chaudière, parce que la partie qui se trouve ainsi recouverte s’échauffe à une température assez élevée pour déterminer l’oxydation du métal, et par conséquent sa destruction. Enfin, la présence de ces sédiments devient souvent la source d’un danger des plus graves, car elle peut aller au point de provoquer l’explosion de la machine. Lorsqu’en effet, cette sorte d’enveloppe pierreuse a fini par se former au fond d’une chaudière, il peut arriver que, par suite de la dilatation inégale que la croûte terreuse et le métal qu’elle recouvre, éprouvent par l’action de la chaleur, cette croûte vienne subitement à se déchirer. L’eau qui existe dans la chaudière se trouve dès lors mise subitement en contact avec une surface métallique chauffée à une température excessive ; et il se forme aussitôt une quantité de vapeur tellement considérable, qu’elle peut déterminer une explosion.

On était forcé autrefois de nettoyer le générateur tous les quinze à vingt jours, afin d’enlever ces dépôts terreux. Mais comme ils adhéraient très-fortement au métal, il fallait les attaquer avec des instruments d’acier ; ce qui n’était pas sans nuire à la chaudière. Aujourd’hui, au lieu d’enlever ce sédiment, une fois formé, on empêche sa production. Le moyen employé pour cela, consiste à placer dans la chaudière, différents corps étrangers, sur lesquels les sels calcaires viennent se déposer, au lieu de s’attacher aux parois du métal. Tel est l’effet que produisent les raclures de pommes de terre ou le son, que, dans beaucoup d’usines, on mêle à l’eau du générateur.

Cependant, comme ces corps ont l’inconvénient de faire mousser le liquide, qui quelquefois, passe jusque dans l’intérieur des tubes de vapeur, on se sert plus généralement aujourd’hui, d’argile délayée dans l’eau, qui s’oppose à l’agrégation des dépôts terreux.

Des fragments de verre, des rognures de fer-blanc, de tôle ou de zinc, par leur mouvement continuel au sein du liquide, et contre les parois du générateur, peuvent aussi prévenir les incrustations.

Grâce à l’emploi de ces divers moyens, on empêche les sels terreux de se précipiter en couches continues et adhérentes, et l’on obtient un dépôt boueux qui n’adhère point à la chaudière. Il suffit dès lors, de vider celle-ci tous les quinze à vingt jours, pour chasser l’eau vaseuse qui en occupe le fond.

Appareils de sûreté. — Les accidents nombreux et les malheurs auxquels ont donné lieu les explosions, autrefois trop fréquentes, des chaudières à vapeur, ont naturellement éveillé toute la sollicitude des mécaniciens. Les différents appareils de sûreté dont la loi impose sagement la nécessité à nos constructeurs, constituent un des systèmes les plus importants de ces machines. Nous les examinerons avec soin. Cependant, avant d’indiquer les moyens efficaces que l’on oppose à l’explosion des chaudières, il est nécessaire de signaler les causes principales de ce redoutable phénomène.

Si l’épaisseur des parois du métal est insuffisante pour supporter l’effort de la vapeur, on conçoit aisément que, cédant à la pression intérieure qu’elle éprouve, la chaudière se déchire dans une de ses parties, et donne tout d’un coup issue à la vapeur. De là une première cause d’explosion. Aussi l’ordonnance royale qui régit la construction et l’installation des machines à vapeur, fixe-t-elle avec soin l’épaisseur à donner au métal d’une chaudière, selon les pressions qu’elle doit subir.

Cependant l’explosion n’est presque jamais due à un défaut de résistance du métal. Dans le plus grand nombre des cas, elle provient de ce que certaines parties de la chaudière, accidentellement portées à une température excessive, se sont trouvées tout d’un coup en contact avec l’eau. Si, par exemple, le niveau intérieur du