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lui emprunter ce premier et essentiel élément du travail, il faut reconnaître que nous en avons promptement tiré un parti admirable. On peut déclarer avec confiance que, pour la mécanique à vapeur, nous sommes désormais en mesure de nous passer de tout secours étranger. Quand on songe que ce n’est que depuis l’année 1832 que l’on a commencé à construire, parmi nous, de grandes machines à vapeur ; qu’à l’exposition de 1834 on n’en vit figurer qu’une seule, et qu’en 1845 la France tirait encore presque toutes ses locomotives de l’Angleterre, on peut éprouver quelque orgueil de nos progrès dans une voie si importante.

Mais ce n’est pas seulement par fierté nationale qu’il faut s’applaudir de l’état florissant où se trouve, dans notre pays, la construction des machines à vapeur. Quelle confiance ne devons-nous pas puiser, pour l’avenir, dans la certitude de pouvoir, à un moment donné et quelles que soient les circonstances extérieures, trouver sur notre sol toutes les ressources nécessaires pour créer et répandre partout ces formidables machines, qui sont à la fois le signe et les agents de la puissance industrielle ? Nos usines du Creusot, de Rouen, de Lille, de Mulhouse, et les ateliers si nombreux de Paris, sont aujourd’hui en mesure de suffire à une production établie sur la plus vaste échelle.

En 1852, nous possédions 6 080 machines d’une force totale de 75 518 chevaux-vapeur. En 1863, le nombre des machines à vapeur employées en France était de 22 513, représentant une force de 617 890 chevaux-vapeur. Depuis cette époque, les recensements officiels n’ont pas été publiés, mais si l’on calcule, avec un savant constructeur de Paris, M. Hermann-Lachapelle, d’après le mouvement progressif des années précédentes, on peut, sans crainte d’exagération, porter ce nombre pour l’année 1866, à 30 000.

Trente mille machines à vapeur représentent une force d’environ un million de chevaux-vapeur. Or, comme un cheval-vapeur est l’équivalent de 3 chevaux de trait, ou de 21 hommes de peine, il en résulte qu’en 1866, les machines à vapeur françaises exécutent le travail de plus de 3 millions de chevaux de trait, ou de 20 millions d’hommes. C’est à peu près deux fois le nombre d’hommes capables de travailler, qui existent en France.



CHAPITRE XI

description des principaux organes des machines à vapeur en général. — les chaudières. — les soupapes de sûreté. — les manomètres. — le flotteur d’alarme, etc.

Dans l’exposition des découvertes scientifiques, la méthode historique nous semble constituer le mode qui permet le plus aisément d’atteindre à la clarté. Mais on ne peut prétendre à obtenir ainsi un résultat complet, qu’à la condition de présenter, après l’exposé historique, une description générale des appareils, résumant l’état actuel de la découverte que l’on étudie. Il nous reste donc à faire connaître les différentes dispositions qui sont en usage de nos jours, pour appliquer à l’industrie la puissance mécanique de la vapeur d’eau.

Nous décrirons dans ce chapitre, les différents organes qui sont communs à tous les genres de machines à vapeur. Nous nous occuperons d’abord, de la forme et des dispositions adoptées pour la construction des chaudières ; nous passerons ensuite en revue, les appareils de sûreté qui servent à indiquer l’état de la pression et à prévenir l’explosion des chaudières.

Chaudières. — Dans les premières machines à vapeur, c’est-à-dire dans celles de Savery et de Newcomen, on donnait à la chaudière une forme demi-sphérique. Comme à cette époque la crainte de l’explosion préoccupait avant tout, cette forme avait été choisie comme offrant le plus de résistance à la pression de la vapeur. Mais plus tard, quand la crainte du danger s’affaiblit par l’habitude ; lorsque l’expérience eut fait connaître la résistance précise offerte