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tenir en équilibre, et le piston sera poussé au bas de sa course en raison de la différence des pressions qu’il supporte sur ses deux faces. Le poids que supporte la tête du piston est représenté par trois atmosphères, la pression qui le sollicite au-dessous est seulement d’une atmosphère, attendu que ce n’est pas autre chose que la pression même de l’air ; par conséquent le piston doit s’abaisser dans le cylindre en vertu de la différence des deux pressions, c’est-à-dire par une pression de deux atmosphères. Si maintenant on fait écouler dans l’air la vapeur à haute pression qui remplit la partie supérieure du cylindre, et qu’en même temps on dirige au-dessous du piston de nouvelle vapeur à trois atmosphères envoyée par la chaudière, le piston sera soulevé, puisque la vapeur qui se trouve contenue dans la partie supérieure du cylindre est en communication avec l’air extérieur. Ainsi, en dirigeant alternativement de la vapeur à haute pression au-dessus et au-dessous du piston, et mettant chaque fois l’une des extrémités du cylindre en communication avec l’air, on obtiendra un mouvement continu du piston et l’on pourra se passer de condenser la vapeur. Tel est le principe des machines à haute pression.

La première idée des machines à haute pression a été émise par Leupold, vers 1725. Dans son célèbre recueil[1], le physicien allemand donne la description de deux machines à feu propres à l’élévation des eaux, qui ne sont autre chose que des machines à haute pression. La première, qu’il annonce sous ce titre : Double machine à feu pour élever l’eau par expansion, d’après le procédé de Papin, ressemble beaucoup à la seconde machine à vapeur du physicien de Blois. À l’exemple de Savery et de Papin, Leupold se sert de la pression de la vapeur pour élever de l’eau dans un réservoir, et la faire retomber de là sur les augets d’une roue hydraulique ; seulement, après que la vapeur a exercé sa pression, il la rejette dans l’air. Sa seconde machine n’est plus consacrée à comprimer une colonne d’eau, mais, comme celle de Newcomen, à faire mouvoir directement la tige d’une pompe qui élève des eaux.

La figure 55, qui s’éloigne peu de celle que Leupold donne dans son ouvrage, représente les éléments de cette dernière machine.

Fig. 55. — Machine de Leupold.

A est la chaudière ; R, S, deux cylindres avec lesquels elle communique alternativement par le robinet B qui est pourvu de quatre ouvertures, de manière à donner successivement accès à la vapeur dans l’un des deux cylindres ou dans l’atmosphère. Dans la situation indiquée par la figure, le cylindre R est rempli de vapeur qui soulève le piston C ; le cylindre S est vide de vapeur, celle qui le remplissait s’étant échappée dans l’air par le tuyau M, et grâce à l’ouverture pratiquée en un point convenable du robinet B. Les pistons C et D de ces deux cylindres agissent chacun sur un balancier particulier H, G, et ces balanciers font mouvoir les tiges K, L de deux pompes foulantes O, P, qui puisent l’eau dans un réservoir N

  1. Theatri machinarum hydraulicarum, t. II, oder Gehauplatz der Wasser-Künste, cap. ix, p. 92.