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Fig. 3. — Héron fait l’expérience de l’éolipyle devant les savants de l’École d’Alexandrie.


marmite chauffée, » et non « au moyen de la vapeur d’eau. » Héron ne pouvait ici faire jouer aucun rôle à la vapeur d’eau, par cette raison fort simple que l’existence même de la vapeur était inconnue de son temps. Avec tous les philosophes de son époque, Héron ne voyait dans la vaporisation d’un liquide que sa transformation en air, et dans son livre il ne fait jamais allusion qu’aux effets mécaniques produits par l’air comprimé ou dilaté par le feu.

Aussi les physiciens qui sont venus après lui n’ont-ils expliqué le phénomène de la rotation de sa petite sphère que par l’écoulement et la réaction de l’air chaud, qui provenait lui-même de la transformation de l’eau en air. On trouve, dans une autre partie de l’ouvrage de Héron, la description d’un petit appareil en tout semblable au précédent, et dans lequel seulement un courant d’air chaud remplace le courant de vapeur.

Le jouet décrit par Héron d’Alexandrie, ne nous semble donc mériter à aucun titre l’honneur de figurer dans l’histoire de la machine à vapeur. L’existence même de la vapeur d’eau étant ignorée des anciens, il est difficile d’admettre que l’on ait pu, à cette époque, imaginer une machine fondée sur la connaissance des propriétés de cet agent[1].

  1. Cette erreur de l’ancienne physique sur la transformation de l’eau en air par l’action de la chaleur, se prolonge, d’ailleurs, longtemps après le philosophe d’Alexandrie. Le célèbre architecte romain Vitruve, contemporain d’Auguste, dit, en parlant de l’éolipyle, appareil très-anciennement connu : « Les éolipyles sont des boules d’airain qui sont creuses et qui n’ont qu’un très-petit trou par lequel on les remplit d’eau. Ces boules ne poussent aucun air avant d’être échauffées ; mais, étant mises devant le feu, aussitôt qu’elles sentent la chaleur, elles envoient un vent impétueux vers le feu, et ainsi enseignent par cette petite expérience des vérités importantes sur la nature de l’air et