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mettre au balancier le mouvement du piston. Quelques dispositions différentes ont été adoptées plus tard pour la construction de cet appareil, mais elles n’ont rien changé au principe sur lequel repose son mécanisme.

La force une fois commodément transmise au balancier, il fallait s’occuper de transformer le mouvement de va-et-vient de ce balancier en un mouvement de rotation, propre à faire marcher une roue ou un volant fixé sur l’axe de la machine, et à s’adapter par conséquent à tous les usages auxquels un moteur peut être consacré. Le mécanicien Stewart avait tenté, sans y réussir, d’employer, dans cette vue, des roues à rochet. Watt résolut le problème d’une manière beaucoup plus heureuse, par une simple application de la manivelle du rémouleur.

« Des nombreux projets, dit Watt, qui me passèrent par la tête, aucun ne me parut si propre à me conduire au but que je me proposais d’atteindre, que l’application d’une simple manivelle dans le genre de celle dont se sert le rémouleur, et qu’il fait mouvoir avec le pied : invention de grand mérite et dont on ne connaît ni la date ni le modeste inventeur. »

L’appareil imaginé par Watt pour appliquer la manivelle du rémouleur à la transformation du mouvement rectiligne de la tige du piston en un mouvement rotatoire, donna les meilleurs résultats. Mais il arriva que l’un de ses concurrents, M. Wasbrough, en eut connaissance par suite de l’infidélité d’un ouvrier, et qu’il s’empressa de prendre un brevet spécifiant l’application de la manivelle au mécanisme de la machine à vapeur.

Watt avait jugé inutile de prendre un brevet pour un moyen connu depuis un temps immémorial et qui se trouve employé dans tous les rouets des fileuses et dans toutes les roues des rémouleurs. Il aurait sans peine prouvé judiciairement que l’on ne pouvait interdire à personne l’usage d’un artifice aussi banal. Il trouva plus simple d’arriver au même but par une autre voie, et il inventa l’appareil connu en Angleterre sous le nom de soleil et planète. La figure 48 représente cet appareil.

Fig. 48.

CB est une roue dentée qui, conduite par la tige AB, du piston de la machine à vapeur, tourne autour de la roue D, en parcourant sa circonférence et engrenant avec elle. La roue D est fixée elle-même à l’arbre de couche de la machine, et fait tourner cet arbre. EE est la courroie de transmission du mouvement, GHLM, la circonférence du volant.

On voit que la roue CB paraît tourner autour de la roue D, comme une planète autour du soleil. C’est ce qui a fait donner en Angleterre, à cet assemblage mécanique, le nom bizarre de soleil et planète. D se nomme la roue solaire, et CB la roue planétaire.

Mais cet appareil, délicat à construire, coûteux et sujet à se déranger, fut abandonné par Watt dès que l’expiration du brevet de M. Wasbrough lui permit de revenir à l’emploi de la manivelle.

La manivelle et le volant, qui, dans les machines actuelles, servent à transformer le mouvement rectiligne de la tige du piston en un mouvement circulaire, sont représentés dans la figure 49. B est la bielle ou tige qui descend de l’extrémité du balancier ; elle s’articule avec la manivelle C, dont le bras est lié au centre E de la roue, ou volant, A, et peut tourner avec cette roue. Lorsque le balancier s’abaisse, par suite du mouvement du piston,