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ASTRONOMIE.

leur scientifique relativement aux travaux qui ont été entrepris, à différentes époques et en divers pays pour la détermination de la figure de notre globe. Le moment est venu où l’on peut tirer parti de ces travaux immenses et en combiner les résultats de manière à fixer positivement les dimensions du sphéroïde terrestre. Cette question qui a tant occupé les savants il y a plus d’un siècle, reçut, par les travaux des astronomes français une solution qui dut sembler définitive à cette époque. Aujourd’hui pourtant, par un de ces retours qui sont fréquents dans l’histoire des sciences, les progrès de la géodésie et de l’astronomie ont établi la nécessité de reprendre à nouveau l’étude de cette grande question.

C’est en 1736 que deux compagnies de savants de l’Académie des sciences de Paris allèrent mesurer chacune de son côté, un degré du méridien vers l’équateur et vers le pôle. Newton avait déduit de ses calculs comme un résultat nécessaire de l’attraction universelle, que le globe terrestre devait être aplati vers les pôles et renflé à l’équateur. Cette opinion avait rencontré dans le monde savant une opposition assez vive ; Cassini, en particulier, la rejetait obstinément. Comme la solution de ce problème importait beaucoup aux opérations pratiques de la marine le gouvernement français prit le parti de faire mesurer au pôle et à l’équateur la longueur d’un arc du méridien, afin de déduire, de la comparaison des deux arcs ainsi mesurés la véritable forme du sphéroïde terrestre, et de décider si, comme Newton l’avait assuré, il existait un renflement à l’équateur et un aplatissement aux pôles. Bouguer et La Condamine allèrent donc effectuer cette mesure au Pérou, région équatoriale, tandis que Maupertuis, Clairault et Celsius exécutaient la même opération en Laponie. Il résulta de leurs mesures, comparées entre elles que l’aplatissement de la terre deviné par Newton existait réellement, et qu’il dépas-