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ASTRONOMIE.

de 30 000 kilogrammes c’est-à-dire ne surpasserait pas le poids de 30 mètres cubes d’eau.

Le choc d’une substance gazeuse réduite à cet incommensurable état de division, serait donc tout à fait nul. Il est très-probable d’ailleurs en raison de son excessive ténuité, qu’aucune parcelle de la matière des comètes ne pourrait pénétrer même dans les parties les plus élevées, c’est-à-dire les moins denses les plus dilatées de notre atmosphère et que par conséquent la rencontre d’un astre semblable avec la terre passerait entièrement inaperçue de ses habitants[1].

Ainsi d’après M. Babinet une comète, en général, pourvue d’une queue ou privée de ce brillant appendice n’est en réalité qu’un léger amas de matière gazeuse infiniment dilatée, se promenant dans les cieux.


Nous n’avons pas besoin de dire que ces rassurantes prédictions ont été justifiées avec éclat. Bien que l’apparition des comètes soit très-fréquente, et bien que ces astres foisonnent à tel point dans le ciel que Képler a pu dire : « Il y a autant de comètes dans le ciel que de poissons dans l’Océan, » aucune apparition de ce genre ne s’est montrée dans le firmament à l’époque qui avait été fixée par le prétendu Matthieu Lænsberg. Le 13 juin, une journée admirable, un soleil radieux illuminaient Paris, et il

  1. On a objecté, à ce propos, à M. Babinet, qu’une matière même impalpable, un brouillard ou une vapeur, quand ils sont animés d’une très-grande vitesse, peuvent produire de redoutables effets de destruction. On oubliait que les comètes ne sont douées d’une très-grande vitesse que lorsqu’elles sont très-voisines du soleil ; qu’à une distance du soleil égale à celle de la terre, elles ont déjà perdu presque toute leur vitesse ; qu’à une distance un peu plus grande, elles sont relativement immobiles et que, dans tous les cas, les comètes font partie de notre système solaire, et que le Créateur de l’univers a tenu compte de leur masse et de leurs mouvements, en établissant les lois de la stabilité de notre système planétaire, lois qui ont fait l’admiration de tous les grands génies qui ont su les dévoiler ou les comprendre.