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indiquée par les éphémérides de M. Hind, M. Babinet était très-porté à croire que le nouvel astre n’était autre que celui qui fut vainement attendu en 1856, c’est-à-dire la fameuse comète qui apparut en 1264, et en 1556, sous Charles-Quint. L’astronome Bomme, de Middelbourg, avait fixé au mois d’août 1856 le retour de cet astre, tandis que M. Hind, le célèbre astronome anglais, plaçait la date de ce retour entre l'année 1856 et le mois d'août 1860. En conséquence, M. Babinet déclara à l’Académie qu’il croyait pouvoir identifier l’astre qui venait d’apparaître avec la comète de Charles-Quint, qui ne serait en retard que de six mois sur le résultat calculé par M. Hind.

Cette opinion de M. Babinet fut promptement reconnue comme entachée d’erreur. Il n’y avait de commun entre ces deux astres que le sens de leur mouvement, qui était direct pour l’un et pour l’autre. Tous les autres éléments établissaient entre eux une différence évidente. L’inclinaison sur l’écliptique de la comète de 1556 était de 30 degrés, tandis que celle de la comète de 1861 était de 86 degrés. L’orbite des deux comètes différait aussi d'une manière profonde. Ce premier point fut donc promptement vidé par les premières observations.

Les apparences physiques du nouvel astre ont constitué les particularités les plus intéressantes de ce grand phénomène. En effet, la comète de 1861 ne ressemblait par son aspect à aucune de celles qui l’ont précédée. Pour les dimensions et pour l’éclat, elle ne le cédait en rien à la comète de 1858, c’est-à-dire à la comète de Donati, qui attira tant l’attention du public pendant les mois de juillet, d’août et de septembre. Elle présentait à peu près la forme d’un œuf placé verticalement et présentant à son bout inférieur une partie volumineuse et très-brillante qui constituait son noyau. Comme la plupart des belles comètes, elle se composait, outre ce noyau très-brillant, d’une queue dirigée à l’opposé du soleil, et d’une aigrette