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nutrition du fœtus dans l’œuf des animaux ovipares. Dans l’œuf fécondé de la poule, par exemple, le fœtus respire par l’air qui s’introduit dans cet œuf à travers les pores de la coquille ; si l’on dépose, en effet, une couche de vernis autour d’un œuf contenant un poulet prêt à éclore, l’animal, privé de l’action de l’air extérieur, ne tarde pas à périr. Quant à la nutrition, elle s’opère manifestement au moyen des matériaux contenus dans l’œuf, au moyen du jaune ou vitellus. Mais comment respire et comment se nourrit le fœtus des mammifères, le fœtus humain, qui n’a aucun contact immédiat avec l’air atmosphérique ? Vésale, l’immortel fondateur de l’anatomie, est le premier qui ait tenté de rechercher comment le fœtus des mammifères respire au sein de la mère. Il ouvrit le ventre d’une chienne pleine et à terme, il retira un fœtus de la matrice, et le posa sur une table sans déchirer les enveloppes ; il vit alors, à travers les enveloppes, le petit faire de vains efforts pour respirer, et mourir bientôt, comme suffoqué. Un autre petit, dont il déchira les enveloppes à temps, respira dès qu’il eut la tête à l’extérieur, et ne mourut point. Le fœtus respire donc, conclut Vésale, dans la matrice, par l’intermédiaire de sa mère et non par ses enveloppes, puisque, au milieu même de l’air, ces enveloppes ne permettent pas à l’air de passer et d’arriver au fœtus.

Un physiologiste de notre siècle, Legallois, a fait d’autres expériences plus précises.

Legallois constata d’abord que le fœtus de lapin a la faculté de résister pendant vingt minutes à l’asphyxie, tandis que le lapin adulte ne peut y résister plus de deux minutes. Ce point acquis, il soumit à ses expériences des lapines pleines, parvenues au trentième jour, c’est-à-dire au terme de leur gestation : il les asphyxiait en les plongeant dans l’eau. Or le petit, qui, tiré de la mère vivante, survivait vingt minutes à l’asphyxie, ne survivait plus que dix-huit minutes à l’asphyxie quand on