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« Au patient promettez la guérison ; à ceux qui l’assistent affirmez qu’il est fort malade. S’il guérit, votre réputation s’en accroît ; s’il succombe, on ne manquera pas de dire que vous avez prévu sa mort. N’arrêtez pas vos yeux sur la femme, la fille ou la servante, quelque belles qu’elles soient. Ce serait forfaire à l’honneur et compromettre le salut du malade en attirant sur sa maison la colère de Dieu. Si on vous engage à dîner, comme c’est l’habitude, ne vous montrez ni indiscret ni exigeant. À moins qu’on ne vous y force, ne prenez pas la première place, bien qu’elle soit réservée au prêtre et au médecin.

« Chez un paysan, mangez de tout sans faire aucune remarque sur la rusticité des mets ; si, au contraire, la table est délicate, ayez soin de ne pas vous laisser aller au plaisir de la bouche ; informez-vous de temps en temps de l’état du malade qui sera charmé de voir que vous ne pouvez pas l’oublier, même au milieu des délices du festin. En quittant la table, allez auprès de son lit, assurez-le que vous avez été bien traité, et surtout n’oubliez pas de montrer beaucoup de sollicitude à régler son propre repas. »


Il y avait, en 1059, à l’école de Salerne, une femme-médecin nommée Trotula (magister Trota ou Trotula, dit le Compendium salernitanum). Trotula, qui pratiquait la médecine à Salerne, ne s’occupait pas seulement des accouchements et des maladies des femmes, mais encore de toutes les autres branches de la médecine. Le Compendium salernitanum contient plusieurs chapitres écrits par Trotula sur les maladies des yeux, des oreilles, sur les affections des gencives et des dents, sur le vomissement, sur les douleurs intestinales et sur la pierre. Trotula a écrit d’ailleurs un traité complet sur les maladies des femmes.

M. Daremberg, qui, dans son introduction, nous donne les renseignements qui précèdent, ajoute qu’il existait à Salerne un grand nombre de femmes-médecins, qu’elles y étaient fort recherchées par les malades, et fort estimées par les maîtres de l’école, qui les citent comme de respectables autorités. Les deux Platearius, dans leurs ouvrages, mentionnent, comme dus à ces praticiennes, un onguent