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Bien que le fait de la rencontre de la terre par la comète de 1861 soit imparfaitement établi, on ne peut que s’applaudir de ce résultat, car il aura pour conséquence, dans une certaine mesure, de rassurer les esprits, sur une éventualité tant redoutée depuis des siècles.

En Angleterre, M. Warren de la Rue a fait quelques tentatives pour obtenir une image photographique de cette comète. Une plaque photographique fut exposée, le 2 juillet, pendant deux minutes ; le 3 juillet, pendant quinze minutes, à son émanation lumineuse, sans qu’on pût obtenir la moindre impression, et bien que les étoiles fixes eussent marqué leur empreinte sur la surface photographique. Cette comète avait donc beaucoup moins d’action chimique lumineuse que la comète de Donati, dont M. Warren de la Rue obtint de belles épreuves par une exposition à la chambre obscure qui ne dura que sept secondes.

Il nous reste à dire que la présence sur notre horizon de la belle comète de 1861 n’a pas été aussi longue que l’auraient désiré les observateurs. Elle avait jeté dès les premiers jours de son apparition un éclat qui ne devait plus que pâlir. Sa vitesse de translation était si grande que se trouvant au-dessous de l’horizon, le 29 juin, elle était, le 10 juillet, à égale distance du soleil et de la terre. Du 30 juin au 13 juillet, elle avait parcouru 120 degrés en ascension droite, et sa variation en déclinaison avait été de plus de 50 degrés. Aussi, à partir du 13 juillet, son éclat alla en s’affaiblissant de plus en plus ; vers le 15 juillet, elle devint invisible à l’œil nu, et les astronomes eurent seuls la faculté de la suivre avec leur télescope pendant plusieurs mois encore. Cette circonstance a été fâcheuse pour l’astronomie, car les apparences physiques de la grande comète de 1861 promettaient aux observateurs un ample tribut de remarques nouvelles et en opposition avec les idées que