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VAN DYCK.

Stuarts : ministres, ambassadeurs, magistrats, savants, guerriers titianesques aux cuirasses brillantes, capitaines cavalcadant sur des genets d’Espagne, gentilshommes imberbes, frêles et gracieux dans leur uniforme chatoyant ; grandes dames un peu figées dans leur toilette d’apparat, enfants exquis traduits par la poésie la plus délicate que jamais pinceau ait créée.

Deux œuvres marquent l’apogée de cet art : les Trois têtes d’étude (Windsor) représentant Charles Ier de profil, de trois quarts et de face, et le Charles Ier à la chasse du Louvre.

Les Trois têtes sont des merveilles d’analyse physionomique. Van Dyck, sans se soucier outre mesure de vie intérieure, apporte dans l’observation de la couleur, de la forme, de la lumière une telle justesse que le roi agit sous nos yeux dans le détail de ses ressorts intimes. N’est-ce pas en s’arrêtant à l’examen scrupuleux de l’enveloppe que les grands gothiques ont si merveilleusement réussi à traduire l’âme de leurs modèles ? Et Van Dyck ne s’affirme-t-il pas ici le petit-fils des anciens Flamands ? Ces trois têtes furent envoyées au Bernin qui, d’après ces modèles, sculpta un buste de Charles Ier. Le roi se montra tellement enchanté de ce marbre qu’il fit exécuter également le buste de la reine, en faisant parvenir au maître napolitain les études de son peintre. L’artiste flamand ne devait-il pas connaître à fond la manière du Bernin pour lui envoyer des documents aussi sûrs, aussi propres à l’inspirer ?