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VAN DYCK.

dant irrésistible exercé par l’homme de génie sur l’aristocratie britannique.

L’aventure merveilleuse de Gênes se renouvelle avec plus d’éclat et de durée. Ce fut, dans l’entourage royal, un enchantement immédiat. Les peintres accrédités à la cour : Mytens, Jansen, van Ceulen, s’effacèrent dans l’ombre. Toutes les flatteries, toutes les commandes étaient pour le nouveau favori. Le 17 octobre 1633, le roi lui accordait une pension annuelle de 200 livres et mettait une demeure d’été à sa disposition. À Eltham, comme à Blackfriars, Van Dyck recevait richement ses modèles, ses amis. Il entretenait des musiciens à gages dans son hôtel : « Sa maison était montée sur un pied magnifique, lisons-nous dans l’Essay towards an English School de M. Graham ; il possédait un équipage nombreux et élégant, et offrait si bonne chère que peu de princes étaient aussi visités et aussi bien servis que lui. » On se disputait l’honneur de lui être présenté. Le roi traitait son peintre comme un frère de son sang et de sa race. La calomnie, il va sans dire, s’attaquait avec plus d’acharnement que jamais à cette destinée brillante. De ce grand seigneur artiste, elle faisait le moins scrupuleux des lovelaces.

En réalité, Van Dyck peignait sans relâche. Loin de se perdre dans la volupté de cette existence nouvelle, son goût du travail s’accentuait, ses facultés s’aiguisaient. L’artiste avait reconnu ce nouveau milieu comme sien. Ses goûts de luxe et d’élégance y étaient satisfaits. Le