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VAN DYCK.

Il est certain que le talent de Van Dyck était fort prisé à Londres. Pour être agréable à Charles Ier, un personnage remarquable de ce temps, Balthazar Gerbier, architecte, diplomate, dilettante, espion et conspirateur, fit don au monarque d’un tableau de maître Antoine. Un débat des plus singuliers s’éleva au sujet de cette toile. Quelques échos nous en sont parvenus ; ils sont fort troublants.

Van Dyck avait à se plaindre de Balthazar Gerbier et prétendit ne pas avoir peint le tableau envoyé à Charles Ier. Or l’œuvre était de premier ordre. En contestant l’authenticité de la composition, Van Dyck dénonçait Gerbier comme faussaire au roi. La chose tourna mal pour le peintre. Le diplomate réunit des experts. Rubens lui-même déclara que Van Dyck n’avait jamais rien peint de plus beau ! On rédigea un acte notarié qui fut envoyé à Charles Ier, et, il faut bien l’avouer, la lecture des pièces publiées par M. Carpenter fait supposer qu’une vengeance irréfléchie ou le désir de jouer un bon tour entraînèrent Van Dyck à ce mensonge. C’est une ombre dans sa vie, une petite tache qu’on aimerait effacer. Au surplus, Balthazar Gerbier est une de ces rusées canailles à qui l’on regrette de devoir donner raison.

Le départ de Van Dyck pour Londres fut un moment compromis par cette affaire bizarre. L’artiste avait des protecteurs trop puissants pour que les difficultés ne fussent pas bientôt aplanies à son profit. À la fin de l’année 1632, il était définitivement installé à Londres,