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VAN DYCK.

destinée princière, l’exemple d’un novateur et d’un « générateur ».

Van Dyck avait trente-deux ans en débarquant à Londres. N’est-ce pas l’âge des accomplissements, des résolutions décisives ? Loin de s’appauvrir, sous le ciel étranger, son sang flamand, pendant les premières années du séjour en Angleterre, circula plus riche et plus pur. N’oublions pas que Van Dyck se transportait dans un pays privé de traditions artistiques. Holbein lui-même n’avait pas pénétré l’âme du peuple anglais. Van Dyck ne pouvait s’amoindrir par le besoin de flatter un goût national, et sa carrière devait désormais s’accomplir sans rivalités ou comparaisons d’aucun genre.

Tout d’abord il recula, semble-t-il, devant une installation définitive à Londres. Pour quelles raisons ? On l’ignore. Les circonstances de son départ sont enveloppées de ce voile impénétrable qui nous dérobe les principaux événements de sa vie. D’après Félibien — cité par Carpenter — Van Dyck fut invité par Kenelm Digby, sur la prière de Charles Ier. Bellori attribue ce rôle d’intermédiaire à lord Arundel. Walpole, dans les Mémoires de Mrs. Beale publiés par ses soins, dit que le roi forma le projet d’attirer Van Dyck après avoir vu le portrait de Nicolas Lanière, maître de chapelle de la cour d’Angleterre, œuvre à laquelle l’artiste avait consacré sept journées entières. On sait d’autre part que le souverain avait chargé Endymion Porter d’acheter pour son compte une composition du maître : Renaud et Armide.