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VAN DYCK.

Maître de son exécution et de sa pensée, il nous transmet l’ineffaçable témoignage d’une vision inédite. Cette révélation dernière, il la reçut en Angleterre. Évidemment, dans bien des œuvres précédentes, il annonce les conquêtes de sa maturité et quelques-uns de ses portraits anglais s’inspirent encore par moments de Venise et de Gênes. On ne peut pas dire que toutes les toiles de la période anglaise soient incomparables et qu’à tous les portraits antérieurs manque la flamme suprême. Il est impossible de délimiter d’une manière absolue la marche progressive d’un esprit humain, fût-il, comme celui-ci, souriant, clair, plein de force juvénile et confiante. Les classements de la production du maître en deux, trois, voire en quatre manières, sont arbitrairement établis, et la vanité de ce petit jeu pseudo-scientifique éclate dans l’impossibilité pour ceux qui s’y livrent de trouver une base d’accord.

Ceci ne nous empêchera point — contrairement d’ailleurs à l’opinion répandue — de considérer la période anglaise comme un épanouissement. Nous avons parcouru aussi surpris qu’émerveillé, car notre joie imprévue bouleversait nos connaissances livresques, cette admirable salle de bal de Windsor où Van Dyck se montre peintre et créateur unique. Alors seulement nous avons appris comment ce maître, multiforme et inconstant en apparence, s’était transformé un jour en un artiste sans pareil — et les mots prodigués reprennent ici leur valeur — apportant à l’art, avec le prestige de sa