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VAN DYCK.

Il est gêné par les scrupules du technicien. Est-ce parce que Van Dyck sent toujours à côté de lui « le grand astre » dont parle Fromentin ? Dans la ville de Rubens, il n’y a point de place, semble-t-il, pour un second créateur. Van Dyck enfin quitte Anvers. Non seulement son art désormais va porter les fruits mûrs d’une maîtrise absolument affranchie, mais sa personnalité, épanouie dans l’indépendance, se revêtira d’un prestige suprême. Comme Rubens, Van Dyck se hausse par-dessus l’école ; à son tour il devient un initiateur.


X. — En Angleterre.

Malgré le retentissement de son nom et de son art, Van Dyck est resté méconnu. Les légendes ont obscurci l’esprit des historiens ; la production inégale et diverse du maître a déconcerté la critique. On accorde à l’auteur du Saint Martin une habileté de pinceau, une sûreté d’œil, une précision de dessin supérieures, — toutes qualités relevant du métier. On lui concède même l’art de prêter à ses modèles les caractères extérieurs de sa propre personne : élégance, finesse, charme. Jamais, me semble-t-il, on a osé lui attribuer un idéal intime, une de ces fois ardentes qui font découvrir aux créatures d’élection les aspects vierges de la beauté.

Pour nous, Van Dyck ne se contenta point de sa merveilleuse virtuosité. Il réalisa quelque chose de plus.