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VAN DYCK.

séduisantes de Van Dyck, les trois quarts du tableau sont voilés d’une ombre douce ; la tête et la main seules reçoivent le jour. Un peu plus de jaune dans les chairs, un peu plus de bitume dans les fonds et nous aurions une page rembranesque. Dans un adorable Portrait de femme tenant un enfant (collection Brownlow), le groupe des deux personnages illumine toute la toile avec une force d’autant plus sûre qu’elle est discrète et contenue. Le Titien lui-même n’a jamais mieux fixé l’insaisissable et profond rapport qui s’établit entre les fugitives expressions de la lumière et les nuances morales du modèle.

De la même époque datent quelques tableaux mythologiques : Danaë (Dresde), Vénus reçoit de Vulcain les armes d’Énée (Vienne), Renaud et Armide (Louvre), etc. ; on fixerait sûrement, en les étudiant, les origines du bucolisme galant et de l’allégorie pastorale dans la peinture française du XVIIIe siècle.

De plus, dans une série de magistrales eaux-fortes dont la Chalcographie du Louvre a la bonne fortune de posséder les cuivres, Van Dyck grava d’un trait léger, précis, inaltérablement juste, les physionomies d’une vingtaine de célébrités contemporaines, parmi lesquelles bon nombre de maîtres anversois. Tous les amateurs d’estampes ont gardé devant leurs yeux ravis le souvenir de ces belles têtes où la bonté, l’intelligence, l’humour, le génie sont marqués d’un coup de burin presque insensible et aussi ferme que le pinceau d’un céramiste grec ou d’un