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VAN DYCK.

Même ses mains, ses divines mains, créées pour l’oisiveté ou la domination, sont d’une humanité altière et voluptueuse, étrangère à sa race.

J’ai dit que la manière proprement anversoise ne fut point celle qu’il s’assimila le mieux. Cela est vrai, s’il s’agit de la verve puissante et de la richesse colorée qui donnent un impérissable éclat aux grandes pages religieuses de l’école. Mais dans l’analyse d’un visage, aucun Anversois ne se montra plus Flamand que lui, — c’est-à-dire plus appliqué et plus concentré, — pas même son grand contemporain Corneille de Vos, ce dernier des gothiques. Van Dyck déclarait volontiers qu’à un moment de sa vie ses portraits étaient peints avec un soin absolu. Soyez assuré que ce fut pendant la période flamande. Ne voulant en rien être inférieur à ses compatriotes, il peignait, lui aussi, de grands tableaux d’église que ses contemporains admiraient fort. En outre, pour ne point donner prise à la moindre censure, il exécutait ses portraits avec tous les scrupules d’un technicien accompli. Ne suffit-il point de citer l’adorable petite Demoiselle (Anvers) figurée en chasseresse avec les animaux peints par le grand Fyt ; le François Snyders avec sa famille (Ermitage) d’une puissance si joyeuse, si intime, si sûre ; le même Snyders et sa femme (musée de Cassel) sévère, sobre, d’une vie intérieure intense, tout à fait digne d’un primitif ; le portrait somptueux, spirituel, inoubliable de Marie-Louise de Tour et Taxis (Liechtenstein) ; l’ample et décorative figure du baron de Croy