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VAN DYCK.

risme et du naturalisme théâtral de la fin du XVIIe siècle. Il rapporta d’Italie un certain nombre de poncifs pathétiques que les Flamands admirèrent avec trop de ferveur. Ses Madones, ses Saintes Familles, ses Nativités, ses Martyres de saint Sébastien conservent dans leur dramatisation élégante, un écho de la religiosité italienne, mélangée de paganisme, imprégnée de volupté et de passion physique. L’ardeur religieuse de ses Madeleines mériterait bien souvent le mot malicieux du président Des Brosses parlant de la Sainte Thérèse du Bernin : « Si c’est ici l’amour divin, je le connais. » Mais — fait digne d’attention — cette évolution des types plastiques permit à l’art flamand de vivre jusqu’à Laurent Delvaux, c’est-à-dire jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Si la peinture flamande mourut presque immédiatement avec l’école anversoise, la sculpture, par contre, garda quelque temps encore sa vigueur. Elle doit beaucoup à Van Dyck. Pendant un siècle et demi, les Saint Jean et les anges peut-être un peu trop élégants du maître servirent de modèles aux sculpteurs des provinces flamandes et wallonnes, soit qu’ils exécutassent des confessionnaux somptueux ou d’imposantes clôtures de chœur, soit qu’ils élevassent ces grandes chaires de vérité qui animent de leur expansive bonne humeur la gravité médiévale des églises de Belgique.