Page:Fierens-Gevaert - Van Dyck, Laurens.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
VAN DYCK.

d’un travail sérieux, une sûreté féconde, qualités qui de son temps n’étaient égalées en Italie que par cet autre Flamand, Suttermans, le peintre des Médicis. De plus il trouva en Italie une humanité où il aperçut le reflet de sa propre organisation morale. Et il lui suffit de voir ce monde enchanteur et déjà un peu morbide, d’en saisir le mystère vital chez les maîtres italiens passés et présents, pour en avoir la sensation nette et en traduire la force dans la première et surnaturelle poussée de son inspiration.

Les innombrables commandes de portraits n’empêchèrent point Van Dyck d’exécuter un certain nombre de tableaux religieux pendant son séjour en Italie. À Gênes même, au palais Balbi Piovera, on montre du maître deux Saintes Familles de différente grandeur et de valeur inégale. Une autre Sainte Famille (musée de Turin) révèle visiblement l’influence du Titien ; c’est une belle toile, d’un coloris très séduisant. Cinq demi-figures la composent ; la Vierge qui tient l’enfant Jésus est exquise avec son visage tendre, naturel, d’une carnation élégamment discrète. Ce n’est point la seule œuvre titianesque. Le Christ et les deux Pharisiens, avec de belles têtes de vieillards, n’est qu’une réplique du Christ aux deniers du Titien. Autre influence vénitienne dans le Martyre de saint Laurent conservé à Venise (Santa Maria dell’Orto) ; mais ici perce la connaissance du Tintoret. La Vierge aux yeux levés du palais Pitti, d’une beauté sobre, rarement réalisée par Van Dyck dans ce genre de composition.