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VAN DYCK.

cadre une chevelure noire. Acuité spirituelle, indifférence morale, masque charmant : c’est le type du grand seigneur dilettante.

Au palais Durazzo resplendit la Dame assise que Burkhardt considère comme la plus belle œuvre génoise de Van Dyck, et qui est assurément un superbe poème de couleurs. La poitrine est stoïquement étranglée dans un corselet long terminé en triangle ; la lourde jupe en vieil or, où les bras du fauteuil produisent d’admirables cassures, s’arrondit en cloche rayonnante. La tête est fine, calme, maternelle, souveraine. Deux enfants sont près de la dame ; celui qui se tourne vers nous a l’élancement d’un lys dans son pourpoint de soie blanche. Dans le même palais nous reçoit un autre bambin célèbre : l’Enfant bleu, griserie délicieuse pour les yeux qui inspira, dit-on, à Gainsborough son célèbre Blue-Boy de la Grosvenor House. Traducteur de tout ce qu’exprime une main noble et dominatrice, Van Dyck en outre sera l’incomparable interprète des grâces juvéniles.

Nous n’avons pas fini d’admirer les portraits de Gênes. Voici la Jeune Femme du palais Balbi, dont la chevelure fauve est traversée par une plume blanche affilée comme un stylet ; le Fiancé en pourpoint cerise du palais Doria ; les huit portraits de la Casa Casaretto, toutes œuvres irréprochables ; et ailleurs encore des seigneurs, des dames, des capitaines, des magistrats, toute une stupéfiante série de types personnifiant cette aristocratie individualiste et cultivée de Gênes, si profondément adéquate à la nature