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VAN DYCK.

sieurs sont malheureusement endommagées ; en outre, un certain nombre de portraits peints par Castiglione, Michele Fiammingo, Cornelis de Wael sont faussement attribués au maître. Mais combien le lot de Van Dyck reste impressionnant ! Au Palazzo Rosso voici le marquis et la marquise de Brignole. Le portrait de la marquise est un haut chef-d’œuvre et résume précisément les qualités acquises par Van Dyck pendant le séjour en Italie. Rien à reprendre à cette définitive figure. Les lumières sont admirablement réparties, aucune intention n’est trop soulignée. Le fond d’architecture plein d’ombre laisse vibrer en sourdine la robe bleu foncé, le corselet raide comme une cuirasse et tout galonné d’or, la fraise fine qui surmonte la tête à la fois majestueuse et souriante. Sur ces vêtements savamment maintenus dans une demi-teinte crépusculaire, les mains se détachent lumineuses, exquises de grâce, d’abandon spirituel, de vie tendre et supérieure. Quel peintre dès ce moment pénétrera et fixera mieux l’âme des mains ? L’or adouci de la robe qui vient éclairer le visage de la marquise rivalise avec les tons les plus rares du Tintoret, et tout le portrait est baigné dans ce clair-obscur animé que découvrit le Corrège.

Le portrait du marquis semble exécuté avec quelque hâte. Mais combien vivant néanmoins ! Antoine de Brignole s’avance sur un cheval blanc et salue le spectateur en enlevant le chapeau de la main droite. Un sourire imperceptiblement ironique éclaire son visage mat qu’en-