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VAN DYCK.

XVIIe siècle considéraient les anciens Vénitiens comme des maîtres en quelque sorte « obligés ». Et n’est-il point curieux de constater que ces Vénitiens, qui étaient devenus des modèles constants pour les coloristes flamands, devaient eux-mêmes leur forte éducation aux gothiques brugeois ?

Antonello de Messine, qu’il fût venu à Bruges ou non, était sorti, on le sait, de la grande école néerlandaise du XVe siècle. Maître des Bellini, il apparaît indiscutablement comme un inspirateur décisif de la peinture vénitienne. Ses élèves et lui, peut-on dire, conservèrent et italianisèrent une part de la tradition brugeoise. Si modeste que fût cette part, les Anversois du XVIIe siècle étaient en droit de considérer le Titien, le Giorgione, le Corrège, le Tintoret, Paul Véronèse comme les membres d’une même famille artistique, comme des maîtres d’une même lignée. Pendant tout le XVIe siècle, les romanistes des Flandres, du Brabant, des provinces wallonnes s’étaient efforcés de s’assimiler les rythmes synthétiques des compositions romaines, la puissance morale de l’art michelangesque, — et cela à travers des tâtonnements, des recherches vaillantes, des pastiches lourds, des efforts opiniâtres. Rubens devait recueillir le fruit de cette époque intermédiaire, si féconde à tant d’égards. Elle lui enseigna la discipline des méthodes latines.

Mais quelle allégresse ce fut pour lui quand il se trouva devant les Vénitiens, quand il rencontra ces maîtres chez qui vibraient comme des parcelles d’âme de