Page:Fierens-Gevaert - Van Dyck, Laurens.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
VAN DYCK.

s’en montrait surprise. « Tout le monde regardait passer l’artiste et l’appelait il pittore cavalieresco. » Les peintres et sculpteurs flamands en séjour à Rome reprochaient à Van Dyck sa mise en scène et ses préoccupations vaniteuses de toilette et de luxe. Ils se réunissaient le soir dans une ostéria appelée la Sirène, où tout leur plaisir consistait à boire copieusement. Van Dyck refusa de participer à ces fêtes bachiques. On ne lui pardonna pas ce dédain, et les propos les plus calomnieux furent répandus sur sa personne. Il dut quitter Rome, « chassé par la haine de ses compatriotes ».

Quelle est la part de vérité dans ces racontars ? Van Dyck était descendu chez le cardinal Bentivoglio, ancien nonce dans les Pays-Bas catholiques, dont il exécuta le portrait et pour lequel, en outre, il peignit une scène de la Passion. Il travailla également pour les Barberini et les Colonna. On le recevait dans la plus haute société. C’est avec quelque raison qu’il évitait ses compatriotes, gens en général assez compromettants. Les documents d’archives publiés en 1880 par M. Bertolotti — Artisti belgi ed olandesi a Roma nei secoli XVI e XVII — prouvent que ces bons Flamands étaient trop souvent recueillis dans les postes de police pour cuver leur vin ou guérir plaies et bosses reçues en des rixes nocturnes. Van Dyck n’aimait point ces façons. Mais il est faux qu’il ait méprisé ses compatriotes. Il devint à Rome l’ami intime du grand sculpteur brabançon F. Duquesnoy, lequel était détesté et persécuté lui aussi, non pas seulement par les Flamands