quelle que soit l’opinion qu’on se forme sur la valeur de ces maîtres — je les tiens personnellement pour très grands, — il est certain que leurs œuvres provoquèrent une admiration universelle chez les contemporains. Van Dyck respira la chaude atmosphère de cet enthousiasme. Il se passionna pour la dernière grande floraison de l’art italien. Son œuvre en garde le reflet indélébile. On a cherché ses maîtres italiens parmi les peintres du XVIe siècle ; il les connut certes, et les aima — surtout les Vénitiens. Mais il fut encore plus influencé par les décadents inspirés qui vivaient autour de lui. Le créateur le plus original peut-il ne pas sentir le souffle de son époque ? On dit que Van Dyck ne s’arrêta que très peu de temps à Bologne et que l’école des éclectiques ne laissa aucune trace dans son esprit. Presque tous ses tableaux religieux exécutés à Anvers, à son retour, démentent cette assertion. D’autre part, le style mis à la mode par le Bernin prend en quelque sorte sa forme picturale chez Van Dyck.
Le Bernin n’avait qu’un an de plus que Van Dyck, mais on sait que le maître napolitain créa de bonne heure son style. À dix-huit ans il sculptait le groupe si parfaitement berninesque d’Apollon et Daphné. Au surplus, l’admirable portraitiste de Sainte Thérèse n’est pas le seul inspirateur des tendances qui triompheront en lui et après lui. Michel-Ange fut berninesque avant la lettre. Rubens aussi, et je n’en veux pour preuve que les grandes figures qu’il peignit à Rome dans la Chiesa Nuova et qui ont la préciosité emphatique des apôtres