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VAN DYCK.

fut le portraitiste attitré de la cour de Louis XIV. Il exécuta les portraits de Mlle de Lavallière, de Mme de Montespan, de Mme de Maintenon, et son art, à travers le maniérisme de Mignard, est le chaînon qui rattache la manière précise de Clouet et du Maître des demi-figures au style des Rigaud, des Van Loo, des Largillière, des Nattier. M. Lafenestre (Van Dyck en France) va même jusqu’à considérer Claude Lefebvre, de Tournières, François de Troy, Oudry et Watteau comme les disciples du maître anversois. Toutefois, dit-il, celui de nos grands portraitistes qui profita le plus de Van Dyck, ce fut Hyacinthe Rigaud, qui, sur le conseil de Lebrun, copia sans relâche les œuvres du « beau cavalier d’Anvers ».

Regardez au surplus certains portraits de Van Dyck : l’exquise Femme du peintre (pinacothèque de Munich) tenant d’une main sa viole de gambe, — ou même des œuvres médiocres de ses deux dernières années : la Comtesse Southampton, élevant le sceptre de sa main droite et s’appuyant du bras gauche sur le globe terrestre, ou Mary Ruthven, sa femme, déguisée en Minerve. Tout de suite vous découvrirez les sources où sont venus puiser les grands portraitistes français du XVIIIe siècle, si parents des Reynolds et des Gainsborough. L’enthousiasme de certains artistes français pour Van Dyck alla jusqu’au culte — si j’en crois l’ouvrage de Michiels : Van Dyck et ses élèves. Le sculpteur Puget l’aimait par-dessus tous les peintres et possédait quelques-uns de ses tableaux ; il les montrait avec orgueil et, comme Reynolds, estimait qu’il