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VAN DYCK.

Van Dyck, le rêve délicat et tendre qui palpitait harmonieusement dans ses œuvres, se retrouvaient sous les symboles et les jolies anecdotes mystiques des préraphaëlites. L’école anglaise ne saurait effacer cette marque originaire. N’est-elle point retournée d’ailleurs, avec Whistler, aux magies de la couleur ? Comme Reynolds, le peintre aristocratique de Miss Rosa Corder, de l’Amazone, de Lady Archibald Campdell, devait tenir les portraits de Van Dyck « pour les plus grandes richesses qu’on se puisse donner ». Comme Van Dyck, Whistler se servait du burin en créateur de génie ; comme Van Dyck, l’auteur des Nocturnes et des Harmonies nota de subtils frissons humains, pénétra le mystère des visages en dominant la radieuse inconstance de l’atmosphère.

Le maître anversois devint également un des grands inspirateurs de l’école française, — bien qu’il n’eût pas été très apprécié en France de son vivant, du moins par la Cour et les peintres officiels qui le redoutaient. De Piles dans son Traité de peinture, encore consulté de nos jours, analyse complaisamment sa facture et sa méthode de travail, et sans nul doute, cet ouvrage écrit à la gloire des Flamands et des Vénitiens, nettement hostile aux tendances romaines de N. Poussin et Lebrun, prépara la venue d’un coloriste comme Watteau. Des liens plus puissants que ce frêle témoignage littéraire unissent Van Dyck à l’école française. Le célèbre émailleur Jean Petitot, l’un des collaborateurs du maître en Angleterre,