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VAN DYCK.

Gainsborough n’a pas écrit ce qu’il pensait de Van Dyck. Les œuvres ici encore nous renseignent. Reynolds, au surplus, nous apprend que son émule exécuta d’après le peintre de Charles Ier « des copies que les meilleurs connaisseurs pouvaient prendre sans honte au premier coup d’œil pour les originaux de ce maître ». Et à qui Gainsborough doit-il la simplicité gracieuse et mutine de ses portraits d’enfants, sa facture légère et finement rayonnante ? Son Blue-Boy de la Grosvenor House pourrait porter la signature de Van Dyck. N’étaient quelques particularités du costume, on attribuerait volontiers aux heures les plus inspirées du grand Flamand cette fantaisie exquise brossée avec de l’azur céleste et du soleil.

Reynolds et Gainsborough fondent l’école anglaise, non point, comme on l’a dit, en perpétuant la manière trop facile des deux ou trois dernières années du maître, mais en s’inspirant des meilleures œuvres anglaises de sir Anthony. Ils avaient sous les yeux des tableaux du Tintoret, de Véronèse, du Titien ; ils les comparaient aux œuvres de Van Dyck et notaient ainsi les qualités particulières de leur grand éducateur anversois. Raeburn et Lawrence, qui vinrent dans la suite, ne gardèrent ni la noblesse de Reynolds, ni le sens des couleurs chatoyantes, si développé chez Gainsborough. L’autorité de Van Dyck s’amoindrissait, l’école anglaise oubliait ses origines flamandes. Au milieu de notre siècle, elle sembla même les renier complètement. Pure apparence. La couleur, il est vrai, était devenue l’ennemie. Mais l’idéalisme instinctif de