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VAN DYCK.

bien qu’une sévère discipline imposée au début de la carrière favorisait singulièrement cette indépendance du génie. Van Dyck n’a jamais reculé devant la nécessité de l’esquisse. Il en exécutait au bistre, en grisaille, parfois il les teintait légèrement de bleu dans les fonds en accentuant les figures au moyen de rehauts blancs comme dans le petit Crucifiement du musée de Bruxelles ; souvent il les peignait avec les tons de l’œuvre définitive. Les esquisses ou les dessins préparatoires de ses grandes compositions, à part quelques exceptions, sont incorrects, et Mariette a pu remarquer avec raison que Van Dyck ne les exécutait « que pour être entendus de lui seul ». Il n’en est pas de même des dessins et études faits en vue des portraits. L’artiste précisait la tête, les mains, indiquait avec soin la taille, qui, suivant la fine remarque de De Piles, contribue si fortement à la ressemblance. Ses eaux-fortes originales permettent du reste d’apprécier son talent de dessinateur. Et pourtant Van Dyck crayonnait en des minutes de loisir, pour se distraire, les croquis de ces chefs-d’œuvre achevés ensuite, lestement, en quelques heures.

Quand il s’agissait d’un portrait à peindre, Van Dyck livrait ses esquisses, ses dessins, ses grisailles à ses élèves. Ceux-ci peignaient une ébauche d’après le dessin ou coloraient les toiles que le maître avait couvertes de tons gris. Van Dyck en une séance ou deux terminait ensuite l’œuvre à laquelle lui seul pouvait communiquer la vie. D’après le fameux expert Jabach dont le témoignage si