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VAN DYCK.

témoignages en doute. Mais faut-il tant s’étonner de voir Van Dyck partager une croyance générale de son temps ? Il est certain que l’amour de la science ne le transforma pas en un Balthazar Claes, sacrifiant ses richesses à sa chimère. Il légua une fortune considérable à ses héritiers et son testament, publié par Carpenter, est un démenti préventif à l’adresse des chroniqueurs du XVIIIe siècle. Il est impossible de ne pas être frappé du ton digne et grave de ce document. Jamais on n’a vu un dissipateur et un débauché partager avec autant d’équité entre ses héritiers, des trésors acquis par un labeur incessant.

On a dit aussi que Van Dyck avait cherché à quitter l’Angleterre sans esprit de retour, en 1641, parce que ses tableaux restaient impayés et qu’un vent de révolution menaçait le trône des Stuarts ! Pure calomnie. Charles Ier n’aurait point pardonné cette ingratitude qui eût été une trahison. Profondément affligé de la maladie du peintre, le monarque promit trois cents livres à son médecin (physician) s’il pouvait sauver l’artiste. Ce fut en vain.

Van Dyck mourut à Blackfriars, en décembre 1641. Il fut enterré dans l’ancienne église de Saint-Paul, à côté du tombeau de John de Gaunt. L’Angleterre entoura ses funérailles d’une pompe magnifique. Solennellement elle s’engageait à ne point oublier la merveilleuse leçon de son premier maître et, dès ce jour, exprimait une admiration et une gratitude pieuses à l’illustre fondateur de sa grande école de peinture.