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VAN DYCK.

de quelque décoration gigantesque. Ses démarches n’eurent aucun succès. On lui opposait un nom écrasant : le Poussin.

Van Dyck avait épousé à Londres, en 1639 ou 1640, une jeune fille de haute famille, Marie Ruthven, attachée à la reine, petite-fille de lord Ruthven, comte de Gowrie. Une aimable personne appelée Marguerite Lemon, à qui ce mariage déplaisait, aurait conçu le dessein de couper le poignet à Van Dyck, « afin qu’il ne pût plus exercer son art ». Le projet fut découvert. Marguerite Lemon passa en Flandre, y perdit l’ami qui avait remplacé Van Dyck et se tua d’un coup de pistolet. Et c’est ainsi que la vie du grand portraitiste se dramatise jusqu’au dernier jour d’anecdotes empruntées, dirait-on, au répertoire alors en vogue, de Calderon et de Lope de Vega.

L’artiste, en tout cas, ne survécut pas longtemps à son mariage. Une maladie sourde, dont les causes sont inconnues, le minait depuis quelque temps. L’excès du travail surtout avait détruit avant l’heure sa constitution délicate. Pendant les dernières années de sa vie, il consacrait, dit-on, des journées et une partie de ses nuits à l’étude de l’alchimie. J. Lievens visita l’artiste en Angleterre et le trouva penché sur son creuset, « faible et décharné ». Descamps renchérit. « Il fit bâtir un laboratoire à grands frais, écrit-il, et vit en peu de temps s’évanouir par le creuset, l’or qu’il avait créé avec son pinceau. »

Les historiens modernes ont nécessairement mis ces