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LES PRIMITIFS FLAMANDS

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la main de Patinir, et non de celle d'un coUaboraleur, comme on l'a pensé long- temps. Mais il semble que Patinir les ait dessinées d'après des modèles fournis par d'autres artistes. Le cadeau de croquis, fait au maître dinantais par Durer, appuie cette conjecture. Et dans le l^epos sur la route en Egypte du Musée de Berlin, te groupe principal est inspire par le Maître de Flémalle (i). Il est à peu près certain en revanche que Patinir exécuta des fonds de paysage pour les œuvres des peintres contemporains. Un inventaire de l'Escurial, dressé en 1574, dit en parlant d'une Tentation de saint Antoine : « Les figures de maître Quentyn, le paysage de maître Joachim. » Toutefois les attributions à Patinir des paysages du retable de Jean de Trompes et du retable de la Légende de sainte Anne, ne sauraient être main- tenues.

Le classement des œuvres de maître Joachim présente les plus grandes diffi- cultés, les caractères de la peinture de paysages étant beaucoup moins aisés à déter- miner que ceux des compositions à grandes figures. On ne connaît que quatre tableaux indiscutablement authentiques du maître : le Baptême du Christ au Musée impérial de Vienne, le Saint Jérôme de Carlsruhe, la Tentation de saint Antoine de Madrid, et la Fuite en Egypte du Musée d'Anvers (Fig. CLXIIl). Comme le Baptême du Christ et le Saint Jérôme, le tableau du Musée d'Anvers est signé OPVS- JOACHIM. D. PATINIR. Des critiques tenaient plutôt la lettre D pour un O et en concluaient que JOACHIMO avait visité l'Italie- Bien qu'établie sur une base fragile, cette supposition n'avait rien d'invraisemblable.

Cette Fuite en Egypte d'Anvers montre au premier plan la sainte Famille chemi- nant sous les arbres ; une idole se brise à l'approche de Jésus. Au second plan s'étale un étang bleuâtre dans le goût de ceux que peignait Gérard David. Les cygnes même ne sont pas oubliés. Les rochers de droite n'ont pas ces formes déchiquetées à l'excès dont quelques Flamands de ce temps ont abusé ; ils sont peints d'une venue, avec une sorte de calme et beaucoup de respect de ta vérité. Toute l'œuvre est d'ailleurs fort délicate.

Les Hospices de Liège conservent un petit tableau attribué à Patinir : un Saint Hoch exténué, malade de la peste, assis sur un tertre et découvrant la pustule de la jambe ; le visage du saint est plein d'émotion et son manteau bleu se détache sans heurt d'un paysage sombre. Dans l'ancienne collection Helbig un Saint Jérôme en prière était également donné au maître dinantais. L'œuvre fut exposée au Pavillon de l'Art ancien à Liège en 1900. Des constructions pittoresques accrochées au flanc d'un rocher se détachaient sur un ciel bleu qui semblait retouché.

(1) HuLiN. Catalogue.