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2l6 LES PRIMITIFS FLAMANDS

comme tous les donateurs de peintures flamandes. C est qu'il ne s'agit pas d'un retable pour église, mais d'un retable civil, si l'on peut dire, destiné à décorer un monument municipal (i). Derrière le prince on apercevait le Burgendael de Bruxelles où l'on rendait la justice en plein air. Au revers de l'image est le portrait de saint Liévin, patron de Zierikzee. — Sur l'autre volet Jeanne la Folle, debout également, apparaît, richement vêtue, dans un paysage où serait reproduite la résidence d'été des souverains représentés, 't Somerhuys, connue d'abord sous le nom de Folie de Feuillye, curieuse construction en bois exécutée en Espagne, puis démontée et transportée à Bruxelles. Au revers est la figure en grisaille de saint Martin, — patron de la famille van Cats, dont l'un des membres, Jacques, était bailli de Zierikzee à l'époque où Philippe et Jeanne avaient l'âge que leur donne le peintre du triptyque, une vingtaine d'années. Vers le mêmer temps un autre van Cats était bourgmestre de Zierikzee. Ces deux personnages notables ont sans doute offert le tableau de justice au Vierschaere de leur ville.

Le triptyque de Zierikzee est tenu par d'autres pour une oeuvre que Jean Gossart peignit avant son départ pour l'Italie. Il y a plus de raisons plaidant en faveur de van Laethem, seul peintre qui travaillât à celte époque pour le prince et les « seigneurs de son hostel », parmi lesquels on rencontre Jacques van Cals, chambellan de Philippe et bailli de Zierikzee. — On a rapproché des volets du Musée de Bruxelles deux panneaux de la collection Masure-Six, de Tourcoing, représentant le Christ agenouillé suivi de prêtres et de moines, et la "Vierge accompagnée de religieuses. Parmi les personnages qui accompagnent le Sauveur et sa Mère, on reconnaît Philippe le Beau et sa femme, très semblables aux portraits du Musée de Bruxelles.

(i) Toutefois nous lisons dans un article publié par le journal de Zierikzee : J^ieuws-en Adverlentieblad (samedi i3 mai 1909, lous ce titre Het stadhuis te Zierikzee) que le triptyque fut donné par Philippe le Beau à l'église de St~Liévin de Zierikzee en 1497 et que l'œuvre ne serait entrée à t'hôlel de ville qu'au moment des troubles iconoclastes.