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XXIV

Jérôme Bosch.

Son art est unique. Un siècle après que les sculpteurs hollandais, wallons et flamands rassemblés à Dijon eussent ouvert l’ère nouvelle du naturalisme, Jérôme Bosch ressuscitait les formes symboliques de l’art et apparaissait comme l’interprète ultime des croyances, des visions, des terreurs du moyen âge. L’irréalité fantastique de ses peintures frappe d’abord. Bosch reste pour la masse ce qu’il était pour Vasari : « l’auteur de vrais cauchemars ». Le chroniqueur Descamps, avec ce fond d’ingénuité admirative qui fait absoudre les écarts célèbres de son imagination, termine la vie de Jérosme Box par ces mots : « C’est bien dommage qu’il n’ait jamais conçu que des idées monstrueuses et terribles : ce qui surprend, c’est que ses tableaux ont été fort chers. À quel prix auraient-ils donc été s’il avait traité des sujets riants ! » Il est donc assez singulier que ce peintre de rêves et d’épouvantes soit devenu pour la critique moderne le chef de « l’école des drôles ».

Les étrangetés de Jérôme Bosch ne sont très souvent que la forme savoureuse d’un art où se découvrent maintes intentions morales. Le symbolisme du moyen âge refleurit dans cette peinture, mais en outre on peut dire qu’un tableau sur trois est une prédication, — forte, réaliste, crue, — comme il convenait pour le temps. Dans le commentaire que les vieux écrivains espagnols ont laissé de Jérôme Bosch, on trouve