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LES PRIMITIFS FLAMANDS 2O7

pensé aussi à van Orlcy — mais à tort croyons-nous — et cette précieuse effigie doit être rapprochée d'un autre portrait de Gossart, celui de Jacqueline de Bourgogne (collection Gauchez) où la chevelure est traitée de façon semblable. Ayant peint la jeune épouse, Mabusc peignit le mari. Le Musée de Copenhague conserve le portrait en buste de Christian II ; l'œuvre remonterait également à i5i5. Le roi Christian cette année ne quitta point sa capitale et rien ne s'oppose à croire que Mabuse l'ait « pourtraité » à Copenhague même. L'artiste aurait alors accompagné la mission qui, sous la conduite de Philippe de Bourgogne, alla présenter la jeune fiancée au monarque danois. L'ambassade se mit en route le i6 juillet i5i5. Avant de partir, Jean Mabuse avait probablement mis la dernière main au grand retable du dôme de Prague, la « Prager Dombild », où l'on voit Saint Luc peignant le portrait de la Vierge, dans une riche architecture bramantesque, œuvre qui avait été commandée au maître pour la chapelle des peintres de Malines (cathédrale de Saint-Rombaut) et sur laquelle une restau- ration exécutée en i836 a fait découvrir la vieille signature : Gossart (i).

A son retour de Danemark, Philippe de Bourgogne perdit son ami Jacopo da Barbari. Le maître vénitien avait été fort bien traité par les princes des Pays-Bas, et en iSii, considérant ses « bons, agréables et continuels services *, et aussi « sa débilitation et vieillesse », Marguerite d'Autriche lui avait accordé une pension annuelle de loo livres. On peut supposer que Gossart, tout comme son maître Philippe, tout comme la régente Marguerite, était resté fidèlement attaché au célèbre peintre-graveur. Lui-même n'avait pas à se plaindre de la fortune. En i5i6, Charles-Quint lui payait la somma de 40 livres « en récompense de deux tableaux de la pourtraicture au vif de nostre très chière et amée seur dame Lyénore d'Austrichc, qu'il (Jehan de Mau- beuge) nous a bailliez et pour aultres menues parties de paintures qu'il nous a faictes à nostre plaisir ». L'ordonnance de paiement — sur parchemin avec scel de cire vermeil — fut donnée à Bruxelles où Gossart vraisemblablement avait un domicile. C'est là sans doute aussi qu'il peignit le vigoureux, le décisif portrait du jeune Charles- Quint, en manteau rouge rehaussé d'un collier d'or, que possède le Musée de Buda- pest, et qui a la force psychologique et l'ample allure des portraits de Raphaël, (z)

Cette même année i5i6, le maître signa et data le tableau, très italianisant, J^eplune et Amphitrite que conserve le Musée de Berlin. L'œuvre porte l'inscription : lOANNES MALBODIVS PINGEBAT. i5i6 et la devise du bâtard de Bourgogne :

(1) Un autre Sa^'nWLuc très probablement de la main du maître, maia aucc différent de celui d« Frafu*. est co*Mrv< à Vienne (K- Mus-)- On fait remonter à l'année i5i5 un Saint Tran<iois d'AssUt rrncn^anf au menât (ccll, Sullcc»Nchk«rfC. E«q.) que certains attribuent à Gossart mais où M. G. Hulin reconnaît avec plus de raison la main de Jean Provoat.

(2) Donné à van Orley par f\. Friedlander.